EPISODES octobre 2020
44 TROIE avec Anastasia Paillard
45 THE PAPER avec Marie-Claire Jasarevic
46 JODHAA AKBAR avec Astrid Bastit
47 XENA avec Mélanie Bourdaa
48 RIPPER STREET avec Florence Largilière
49 VATANIM SENSIN avec Elodie Gavrilof
50 RECTIFY avec Sarah Hatchuel
44 TROIE
avec Anastasia Paillard

Anastasia PAILLARD
Doctorante contractuelle à l’Université de Lille et membre de l’UMR 8164 – HALMA (ULille, CNRS, MC), je mène une thèse qui s’intitule « Athéna : nommer la déesse, caractériser ses espaces et ses cultes dans le monde grec antique », sous la direction de Sandrine Huber (Université de Lille) et en cotutelle avec Alexandros Mazarakis Ainian (Université de Thessalie). Cette recherche a pour but de construire une synthèse sur les identités d’Athéna en Grèce antique. Il s’agit, en étudiant la « fabrique » des noms divins de la déesse et l’aspect archéologique souvent délaissé, de dégager ses multiples facettes. Par l’examen des espaces et des pratiques religieuses qui lui sont associés, l’objectif est de souligner les évolutions et les permanences des caractères d’Athéna entre les époques archaïque et classique.. Je m’intéresse également aux stratégies cultuelles mise en place par les communautés qui honorent la déesse, en questionnant les données archéologiques, historiques et textuelles.
Auparavant, j’ai mené un master en archéologie à l’Université de Lorraine (Nancy) qui portait sur « Le culte d’Athéna dans l’espace cycladique : transferts et influences depuis l’époque géométrique jusqu’à la fin de l’époque hellénistique (XXe – Ier siècle av.J.-C.) », sous la direction de Sandrine Huber.
Résumé de l'épisode 44
1.. Présentation de la série
- Présentation générale (production, direction, etc..)
o Production de la BBC One ; disponible sur la plateforme Netflix
o Une saison construite en huit épisodes
o Lieu du tournage : Afrique du Sud à Cape Town
o Scénario : Série retrace l’histoire de la guerre de Troie, évoquant des épisodes mentionnés par l’Iliade et l’Odyssée ou par les mythes et les représentations mythologiques → Volonté de retracer un récit linéaire à partir d’une œuvre composite, tout en centrant l’intrigue sur Pâris/Alexandre
- Réception de la série > Réception du public n’est pas particulièrement positive
o Polémique en raison de certains personnages principaux joués par des acteurs noirs, notamment Achille qui est incarné par l’acteur britannique David Gyasi ; Enée (Alfred Enoch) ou Zeus (Hakeem Kae - Kazim)
o Quelques longueurs dans les épisodes qui s’explique par la nature même de l’œuvre qui est un poème épique ; parfois des longueurs dans la lecture elle-même.
2.. Traitement de l’intrigue et des personnages
- Rapp el des textes anciens : l’œuvre d’Homère ( Iliade & Odyssée ) + autres épisodes mythologiques → donnent la cohérence à l’œuvre
o Qu’est-ce que les épopées homériques ? Poèmes héroïques = Iliade et Odyssée qui nous son t parvenus par des fragments et des copies byzantines/médiévales/modernes et qui ont donc subit des altérations (ccopies = changements,, des oublis voire des ajouts))
o Grande popularité de l’œuvre depuis l’Antiquité → nos jours .
o Thème iconographique dans l’art grec = la céramique, par exemple, qui présente de nombreuses illustrations d es mythes troyens.
- Volonté de coller aux mythes et aux récits mythiques > Fantastique qui côtoie l’historique
o Contrairement à Troie (péplum de Wolfgang Petersen en 2004) qui effacent les divinités pour donner une dimension quasi-historique à l’œuvre.
o La présence des dieux comme acteurs du récit > volonté très présente dans les premiers épisodes et beaucoup moins dans la suite ; les dieux se perdent
o Conception très tragique de l’œuvre > Fait penser aux tragédies de Sophocle avec les héros qui ne peuvent pas échapper à leur destin
o Quelques incartades, épisodes qui ne sont pas représentés par manque de temps et pour apporter + de cohérence au récit.
- Clin d’œil à certains mythes qui ne sont pas expliqués ; recherche de la référence à travers les représentations iconographiques et les choix des producteurs de la série
o Exemple avec Hélène et les oiseaux > mythe de la naissance d’Hélène (Née de l’union de Leda et de Zeus qui avait pris la forme d’un cygne) qui naît dans un œuf, tout comme son frère Pollux.
- Des personnages valorisés > Exemple de Pâris/Alexandre qui apparaît comme le héros grec par excellence au contraire d’autres personnages qui possèdent + de qualités dans l’œuvre (ex. de
Ménélas) ; Pâris est présenté comme le successeur d’Hector après sa mort,, Hector qui possède toutes les qualités et les vertus du héros,, le « meilleur des grecs ».
o Priam qui reste l’image du bon souverain /// Agamemnon qui est le « mauvais » souverain ( sacrifice de sa fille sur l’autel,, plusieurs viols, maltraite les héros qui sont de son côté = Achille)
o Ménélas donne également une image de pleutre et de mauvais héros : rompt sa promesse / a reçu Hélène grâce aux actes de s on frère ; etc → Volonté de valoriser Pâris à ses dépens ?
- Création de nouvelles intrigues pour permettre à des personnages peu valorisés d’être mis en avant > notamment au niveau des personnages féminins qui ne possèdent pas une grande importance dans l’œuvre homérique
o C’est le cas pour Hélène qui se retrouve au cœur des intrigues politiques
o Andromaque qui a des problèmes de fertilité et qui est très hostile à Hélène, qu’elle considère être la source de ses malheurs → Modèle de l’épouse fidèle et loyale.
o Cassandre qui a des visions (mmais qui reste un personnage de second plan dans la série).
3.. L’apport de l’archéologie et de l’histoire
- Apport pour la chronologie/le marquage chronologique → Période mycénienne
o Des éléments de décor & de costume, mais aussi de dialogues permettent d’ancrer le récit de la série dans une réalité historique → marquage chronologique important.
o Décor > exemple des fresques re couvertes par de la chaux dans le palais de Ménélas à Sparte ( fresque minoenne retrouvée en Crète = Les Dames en bleu, l'une des fresques les plus célèbres de Cnossos ) → intéressant de recouvrir en blanc les vestiges du passé ; retour au « mythe de la Grèce blanche » dès l’époque mycénienne ?
o Xa nthius,, infiltré dans la cité de Troie évoque dans un dialogue le fait qu’il vit dans « une ancienne maison des minoens » → se place donc après la période,, mais avec une conscience du passé.
- Vie quotidienne ; la vie au palais VS la vie au camp en temps de guerre
o Trois lieux principaux dans la série : le palais de Troie ; les rues de la cité troyenne et le camp où sont établit les grecs → représente trois réalités différentes.
o Vie au palais > lieu confiné, un peu sombre mais très luxueux avec de grands miroirs
o Vie dans les rues > montré avec les artisans, notamment la famille de boulanger où Xanthius va trouver refuge au début
o Vie dans le camps militaire →
- Représentation de l’art du combat/siège
o Maladie → dans le camp des troyens, provoqué par la colère d’Apollon après l’enlèvement de Chryséis à son père (prêtre d’Apollon) ; montre la peur que représente la maladie dans un campement militaire ; danger pour ceux qui se trouvent loin de chez eux. Si trop de malades → devraient lever le siège.
o Famine/Disette → dans Troie notamment, avec la volonté de créer un système de ravitaillement (toute l’intrigue avec la Cilicie) MAIS aussi dans le camp grec avec une attaque par les hommes de Troie, de nuit, pour brûler leurs réserves de nourriture (question de la razzia)
o Combat en lui-même : combinaison entre duel héroïque largement représenté dans l’œuvre (duel de Pâris/Ménélas ; duel de Patrocle/Hector ; duel d’Achille/Hector) et combat entre deux armées (ccombat hoplitique) → combinaison de deux réalités qui corr espondraient à deux périodes différentes (à la fois dans la série, mais aussi dans l’œuvre) ; duel correspondrait à cet « âge héroïque » mentionné par Hésiode, bien avant le VIIIe s. av. J.- C. /// combat hoplitique qui correspondrait à la Grèce archaïque (à partir du VIIe s. av. J.-C.
o Ruse > manière de remporter la guerre,, en particulier la guerre de siège ; art de la poliorcétique → Ulysse est l’incarnation même de la ruse ; inventeur du cheval de Troie qui leur permet d’entrer dans la cité et d’ouvrir les portes.
- Quelle représentation des rites funéraires ?
o Intéressant car présentation de différents rites > crémation et « inhumation » qui correspondent à des réalités différentes.
▪ Mort d’Eétion, le roi de Cilicie en Troade → tué par Achille ; celui - ci ne peut pas être enterré (contrairement à l’œuvre où Achille lui rend les honneurs funèbres, le brûle avec ses armes et lui élève un tombeau ) ; Rite funéraire de « remplacement » où l’on brûle un cheval sur le bûcher → difficile à croire car le corps (même celui d’un ennemi) est respecté..
▪ Traître tué dans le film > laissé aux corbeaux ; fait écho à la réalité de plusieurs textes littéraires où certains traîtres ou mauvais personnages laissés sans sépulture (corps de Polynice, frère d’Antigone)
▪ Funérailles de Patrocle (très austère dans la série) > brûlé sur un bûcher funéraire ; donne normalement lieu à des jeux funéraires qui ne sont pas présentés dans la série.
▪ Corps d’Hector > tout un enjeu dans l’œuvre homérique,, mais également dans la série ; corps du héros/ « meilleur des grecs » ; sacralité du corps défunt → Priam qui vient prier Achille de rendre le corps de son fils ; corps qui est ensuite préparé et placé dans un caveau/tombeau (dans le mythe = crémation)
o Présentation du deuil avec les tenues sombres, les femmes en noir
o Présentation du corps d’Hector → fait penser aux scènes de prothésis (exposition du corps) sur les vases du Dipylon ; mais pas de cortège funèbre ( ekphora ), ni de jeux → Mort d’un défunt manière d’exposer la puissance d’une famille.
- Quelle représentation des rites religieux ?
o Peu de représentation de la religion « publique » > sacrifice au moment du départ qui amène à la mort de la fille d’Agamemnon Iphigénie ; Seul scène de sacrifice réellement présentée.
o Religion qui semble essentiellement privée > On voit Hector prier dans sa chambre, en orant, demandant la bénédiction d’Aphrodite ; reçoit sa visite dans sa chambre → Vision presque chrétienne de la religion grecque.
o Pas de relation de réciprocité > Demande / Réalisation de la demande / Offrande de remerciement (ex-voto) ; les dieux sont là et les hommes demandent sans rien offrir en retour .
o Unique offrande mentionnée > Cheval de bois qui sert de ruse à Ulysse, forme de nécessité à présenter cette offrande dans la série → Présenté comme une offrande à Poséidon pour permettre aux grecs de repartir sain et sauf.
o Aurait été intéressant de présenter l’offrande d’Hécube à Athéna (qui est censée être une des divinités tutélaires de Troie) → Pas de représentation ; probablement volonté de simplification car Athéna > déesse du côté des grecs dans la série.
4. Guerre de Troie : réception & représentation / Conclusion
- Le succès de s épopées homériques → réception et diffusion de l’œuvre par de multiples biais
o Péplum de Wolfgang Petersen en 2004 avec Brad Pitt en Achille , s’inscrivant dans la ligne de Gladiator et le courant de « renaissance » du Péplum au début des années 2000
o Plusieurs livres qui prennent le point de vue d’autres personnages, notamment féminin / avec une vision féministe > Cas de Madeline Miller avec Circé (ppoint de vue de la sorcière Circé) & Le chant d’Achille (point de vue de Patrocle) ; ou encore Margaret Atwood , L’Odyssée de Pénélope (point de vue de Pénélope,, la femme d’Ulysse)
➔ Iliade et Odyssée qui ont encore un bel avenir devant eux.
Bibliographie indicative :
❖ Alexandre Farnoux et al. (dir.), Homère , Catalogue d’exposition [Louvre Lens, 27 mars au 22 juillet 2019], Paris : Lienart, 2019, 390 p.
❖ Moses I. Finley, Le monde d’Ulysse , Paris : Seuil,, 2002 [1ère édition : 1969], 244 p.
❖ Brigitte Le Guen (dir..), Naissance de la Grèce : de Minos à Solon 3200 à 510 avant notre ère , Paris : Belin (Collection Mondes Anciens), 2019, 686 p.
45 The PAPER (Novine)
avec Marie-Claire Jasarevic

Marie-Claire JASAREVIC
Doctorante à l’Université Lyon 2 et au sein du LARHRA. Sujet de thèse : « Le Saint-Siège et la Croatie sous Pie XII. » Chargée de mission au Consulat croate de Lyon. Sujets de prédilection : les Balkans, la SGM et la Croatie.
Résumé de l'épisode 45
Présentation de la série :
Série croate intitulée « The Papers », en croate NOVINE qui signifie journal. J’ai trouvé cette série au fond du catalogue Netflix en tapant le mot Croatie. La série est en effet une série 100% Croate écrite, produite et jouée en Croatie. D’abord diffusée sur une télévision nationale, la série est achetée par Netflix et The Papers devient la première série Slave/balkanique achetée par Netflix.
La productrice : « Nous avons réussi à pénétrer cet énorme marché avant des pays comme la Russie, la Pologne et la République tchèque. Les normes de Netflix sont exceptionnellement élevées et nous sommes parmi sept pays qui les satisfont, sans compter les États-Unis. "
C’est une série qui a été pour moi assez complexe, en VO donc obligée de suivre avec attention les sous-titres + le réalisateur Dalibor Matanic « Après tout, "The Paper" n’est pas une série facile à regarder, vous pourriez aller aux toilettes et perdre le fil d’une histoire qui est essentielle pour comprendre toute la série. »
Ce qui est très intéressant c’est que la série est jouée presque exclusivement dans la ville de Rijeka qui a été la Capitale européenne de la culture en ce début d’année lors de la présidence Croate du Conseil de l’UE. C’est la troisième plus grande ville de Croatie après Zagreb et Split. Architecture à la fois Hongroise, italienne mais également yougoslave. La ville est très industrielle et concentrée autour de son port, beaucoup de scènes se déroulent d’ailleurs sur des quais de chargements. Comme l’explique très bien le réalisateur : « Rijeka a eu une place d’honneur, cette ville a une ambiance particulière qui correspondait très bien au scénario de la série. » Le réalisateur de la série a également participé à l’organisation du programme culturel de la ville de Rijeka en tant que capitale européenne de la culture. La série qui se déroule exclusivement en Croatie a permis de promouvoir la Croatie mais surtout la ville de Rijeka.
Dalibor Matanic sur la ville de Rijeka « Une ville ou une région a rarement la proximité de la mer et des montagnes, des vues inhabituelles de la ville et des sites naturels attrayants. Si nous devions filmer pendant dix saisons supplémentaires, nous ne serions toujours pas en mesure de montrer tous les lieux et vues que Rijeka a à offrir. Il est très intéressant qu'une ville qui n'est pas très grande offre autant de diversité, et cela la rend assez fascinante. » Mercedes a même tourné une publicité sur un lieu de tournage de The Paper.
Scène d’ouverture :
La série s'ouvre en pleine nuit avec un horrible accident de voiture sur un tronçon de route vide. Le conducteur a causé la mort de trois jeunes mais le conducteur s’enfuit. En essayant d'obtenir des détails sur l'accident pour un article, le journaliste du Novine Andrej Marinkovic soulève plusieurs zones d’ombres et fait face à un mur quand il demande des infos à la police, en particulier à son témoin Toni Nardelli chef de la police à Rijeka.
Plot
On plonge au cœur de la rédaction du journal indépendant fictif NOVINE en découvrant la vie de plusieurs journalistes. La série mêle le monde journalistique, le monde des affaires et surtout le monde politique. La première saison se concentre plus sur la vie du journal tandis que la deuxième saison se concentre sur la politique.
Le scénario a été écrit par Ivica Dikic qui a lui-même travaillé au sein d’un journal croate, le « Novi List » à Rijeka. C’est intéressant de noter que les acteurs étaient libres de jouer des scènes à leurs manières sans suivre de façon rigoureuse les dialogues du scénario.
Scénario approfondi première saison :
Dans les bureaux de Novine, la journaliste d'investigation Dijana Mitrovic veut faire un article sur le magnat de la construction Mario Kardum qui vient d’acheter le journal, mais le rédacteur en chef Nikola Martic et le rédacteur en chef Martin Vidov refusent.
Ailleurs à Rijeka, la sœur de Dijana, Anja, l’épouse du bras droit du maire Ludvig Tomasevic, Marko Mladenovic, panique à propos de la comptabilité de leur société, Tetra Services. Elle ne comprend pas pourquoi ils ont facturé et fait une note pour un travail qu’ils n’ont pas fait. (Anja ne sait pas non plus que Dijana a couché avec Marko.)
Pendant ce temps, de plus en plus de fouilles par les journalistes de Novine révèlent les manigances qui lie Kardum, sa mère Dubravka, Nardelli et d'autres hauts responsables de la police et des ministères du gouvernement dans des transactions commerciales louches ainsi que dans l'accident de voiture.
La première saison montre donc les arrangements et la corruption entre le milieu des affaires ici représenté par Kardum, le milieu politique avec le maire de Rijeka Tomasevic, la police et le milieu religieux avec l’évêque qui joue de son influence.
La question principale posée dans la première saison est : le travail du journaliste doit-il passer avant sa vie personnelle (en enqûetant de plus près sur l’actionnaire principal du journal, l’on risque de perdre son travail, mais d’un côté le journal NOVINE est le dernier journal indépendant de Croatie).
Deuxième saison :
On plonge au cœur de la campagne présidentielle en laissant de côté les affaires avec le magnat des affaires Kardum qui est en prison. La saison 2 se concentre beaucoup plus sur les rivalités politiques et les moyens utilisés par les deux candidats pour arriver à leurs fins.
Personnages :
Il est difficile de choisir un personnage principal, s'il était possible de le faire, probablement «Dijana» (Branka Katic), journaliste d'investigation serbe déterminée, courageuse et promiscieuse qui est revenue à Rijeka après la guerre. Elle relie quasiment toutes les intrigues.
Comment on plonge dans les Balkans
Cette série opère une véritable plongée au cœur de la Croatie. Puisque la série est tournée exclusivement en Croatie c’est plus facile. Les personnages fument beaucoup et boivent beaucoup. On retrouve la place centrale de l’Eglise où l’on voit souvent les personnages.
Une description de la Croatie actuelle ?
Sujets « noirs » abordés :
-Le rôle post-communiste joué par les ex-policiers / agents du renseignement
- La montée en puissance de groupes d'extrême droite nationaliste et de politiques pour obtenir un avantage politique
- La mauvaise conduite financière et sexuelle des personnalités et institutions religieuses
-L'utilisation d'anciens combattants endurcis pour les crimes ordinaires et les assassinats politiques
-Le pouvoir exercé par des personnalités du monde des affaires / du crime organisé et leurs alliances changeantes avec des personnalités publiques de tous bords
-L'impunité de responsabilité dont bénéficient tant de politiciens et d'oligarques et leurs familles en raison de l'argent et des relations
Journalisme
En Croatie on a assisté à une dégradation de la liberté de la presse et un climat presque hostile à certains journaux avec des tags dans les rues « Mort aux journalistes ». En regardant de plus près la Croatie est classée 59ème sur 180 pays selon le classement de reporters sans frontières. Un journaliste du site d’information Index.hr a même été arrête pour avoir publié un message anti-police sur twitter. La chaine de tv nationale HRT subit également des ingérences gouvernementales avec une programmation assez patriotique. Le réalisateur Dalibor Matanic explique même qu’il voulait « explorer et comprendre les événements et changements qui ont détruit le journalisme dans notre pays ».
Politique – Corruption – Collusion
Pour le réalisateur, oui les personnages peuvent faire penser à des personnes réelles notamment dans la deuxième saison qui se concentre plus sur la politique. On imagine très bien une inversion entre le maire de rijeka de droite nationaliste qui fait penser en réalité à l’ancienne présidente Kolinda Grabar-Kitarovic et la présidente du parti social démocrate qui elle fait penser au président actuelle Zoran Milanovc.
Eglise catholique (sujet de thèse, Etat indépendant Croate)
Quant à la corruption et aux abus sexuels commis par des hommes et des femmes du tissu, ce comportement est courant dans toutes les confessions et dans presque tous les pays. Ce qui rend le scénario de «The Paper» si unique en Croatie, c'est que l'Église a été sacro-sainte et, en fait, le catholicisme est élémentaire de l'identité nationale de la plupart des Croates. Comme le montre la série, les politiciens croates de tous bords se disputent les bénédictions de l'Église afin d'augmenter leurs chances d'élection. Les lecteurs américains pourraient bien reconnaître un modèle similaire dans leur propre pays en remplaçant catholique par évangélique. = lien très spécial avec l’Eglise.
Guerre
Si un vétéran ne possédait aucune boussole morale, ou une boussole où l'aiguille pointait toujours dans la direction de l'autorité politique et de l'argent liquide, il est naturellement tentant pour un politicien sans scrupules d'employer un tireur d'élite qualifié ou un expert en explosifs pour résoudre un problème rapidement et facilement. «The Paper» révèle un tireur d'élite chevronné, qui a déjà assassiné un policier peu pratique, cherchant à assassiner le Premier ministre. Ce n’est pas sans rappeler un incident survenu dans le monde réel au Monténégro, où les Serbes et les Russes ont conspiré pour assassiner le Premier ministre Djukanovic à la veille de l’adhésion de son pays à l’OTAN.
Tiré de Hajde : « En toile de fond de cette Croatie en perdition, se dessine toujours le fantôme de la guerre. Car peut-on parler des Balkans sans parler de la guerre qui ravagea la Yougoslavie dans les années 90 ? A travers la protagoniste, Dijana Mitrovic (Branka Katic), journaliste d’investigation exceptionnelle et serbe. A travers Blago Antic (Zdenko Jelcic), ancien responsable des services secrets communistes et faiseurs de roi à ces heures perdus. Ou de Jolic (Drazen Mikulic), flic et ancien combattant croato-bosniaque. Non, la guerre n’est pas le point central de cette série mais elle est l’édifice branlant de cette jeune Croatie. Elle pose des loyautés subtiles, bien plus subtiles que tout intérêt financier, comme le dit un vieux briscard à un jeune journaliste idéaliste qui ne comprend pas toutes les règles du jeu « Ici, tout a toujours un rapport avec la guerre ».
Points plus positifs :
- Un journalisme indépendant demeure.
- La volonté des Croates de s’en sortir.
- La série a quand même été produite et diffusée en Croatie.
Bibliographie indicative :
https://hajde.fr/2019/05/28/novine-the-paper-netflix/
https://www.total-croatia-news.com/lifestyle/41021-croatian-netflix-paper
https://www.croatiaweek.com/croatian-series-the-paper-picked-up-by-netflix/
https://www.total-croatia-news.com/politics/38478-duhacek-journalist-index-hr-arrested
https://limacharlienews.com/fsu/netflix-the-paper-novine-croatia/
46 JODHAA AKBAR
avec Astrid Bastit

Astrid BASTIT
Titulaire d’un master en histoire de l’Inde moderne à l’EHESS ainsi que d’un diplôme en persan de l’INALCO. Ses recherches portent sur la production et les échanges culturels indo-persans en Inde moghole ainsi que sur le rôle des femmes durant cette période, avec un mémoire notamment dédié au port du Surat au XVIIe siècle.
Actuellement étudiante en ourdou elle souhaite poursuivre ses recherches en bibliothèque et plus précisément sur les collections et fonds patrimoniaux de l’aire indo-persane.
Résumé de l'épisode 46
Série de Ekta Kapoor. La série est composée de 566 épisodes, en hindi, diffusés entre 2013 et 2015 sur Zee TV.
La série se construit autour de la relation de Jodha et Akbar, qui sont les noms sous lesquels ils sont connus. Leurs noms sont en réalité Jalâluddin Muhammad et Mariam-uz-Zamani.
Contexte:
Naissance et renforcement de l'Empire moghol (1526-1857)
Prise de pouvoir sur l'Inde, défaite des autres royaumes ou alliances avec ceux-ci d'où une politique de mariage notamment.
Représentation de l'histoire moghole, rajput.
Utilisation à des fins politiques comme on pourra le voir
Cette série a en toile de fond les conflits internes à l'empire, batailles et révoltes
Intrigues de cours, les révoltes dans l'empire comme celles de son beau-frère Mirza Muhammad Hakim, l'opposition d'autres rois comme Baz Bahadur etc... Conquête du Cachemire, du Sindh, Kandahar, puis Kandesh, Berar. Ce sont des avancées politiques qu'on peut voir au fil de la série avec dans le même temps la reconnaissance de Jalâluddin Muhammad comme suzerain.
Dans la série chaque événement est lié à une question politique ou sociale, c'est d'ailleurs regrettable que ces questions soient très peu abordées dans la série (jyzia, etc...). Une grande part de la politique de l'empereur est liée aux questions d'entente religieuse et de mécénat. Mais nous reviendrons dessus sans doute plus tard.
C’est aussi une série qui permet d'aborder la question des femmes et de leurs rôles
Il est nécessaire de sortir de la dimension juste romantique et de celle du harem dans sa vision orientaliste (de nombreuses études vont dans ce sens depuis plusieurs années)
La série permet d'interroger le rôle public/politique/religieux/commercial de ces femmes
L'exemple principal ici est Jodha mais il s'agit aussi de Ruqaiya Sultan Begum première femme de l'empereur, Hamina Banum Begum sa mère ou encore Maham Anga sa nourrice.
Question culturelle aussi: ces femmes ont elles aussi leur places dans ce domaine en tant que mécène mais aussi en tant qu’autrice comme Gulbadan Begum.
Certains éléments sont à prendre petit à petit au fil de la série, ce qui permet d'illustrer la vie culturelle par exemple mais aussi celle religieuse ou commerciale de l'Empire.
On peut noter la présence de figures culturelles importantes comme Tansen ou Tulsîdâs mais aussi la mémoire de guerriers rajputs. Là encore l'utilisation de ces figures n'est pas anodine.
En effet derrière les questionnements de représentation de l'histoire moghole se posent des problématiques de mémoire et de transmission de l'histoire moghole et musulmane.
Dès le départ il y a une représentation extrêmement violente d'Akbar mais à travers lui c'est la représentation des moghols et donc des musulmans qui est biaisée. Le vocabulaire très dur employé à leur encontre illustre ça par exemple.
A l'inverse Jodha est présentée en parfaite opposition, elle n'est pas que beauté et intelligence elle est aussi une représentation de l'Inde à conquérir.
Tulsîdâs ou Tansen, auteurs, musiciens de langues indiennes n'appartiennent pas à l'empire mais ils sont les seuls à être cités et être représentés dans la série. C'est par là cette partie de l'identité indienne qui est placée au centre de l'histoire. Cela n'est pas anodin dans le cadre du gouvernement de Modi et de son parti nationaliste et hindou, le BJP. Cette représentation rejoint toute une question de mémoire et d'utilisation politique de l'histoire par le gouvernement actuel en Inde.
Polémiques
Il y a eu un refus des Rajputs de cette représentation de Jodha. Tout d'abord du fait de la question de la réalité de son existence et en tout cas de se représentation selon ce modèle là. Des émeutes l'ont eu lieu et certaines prises de paroles de la réalisatrices ont été interrompues par des manifestants.
Ce cas de figure avait déjà été vu avec le film Jodhaa Akbar mais aussi plus récemment avec Padmaavat qui a été au coeur de nombreuses polémiques.
Bibliographie :
FRÉDÉRIC Louis, Akbar le Grand Moghol, Denoël, 1986.
LAL Ruby, Domesticity and Power in the Early Mughal World, Cambridge University Press, 2005.
MARKOVITS Claude (dir.), Histoire de l'Inde moderne, 1480-1950, Fayard, 1994.
MEYER Éric-Paul, Une histoire de l'Inde : les Indiens face à leur passé, Albin Michel, 2007.
MUZAFFAR Alam, SUBRAHMANYAM Sanjay, The Mughal State, 1526-1750, Oxford University Press, 1998.
47 XENA
avec Mélanie Bourdaa

Mélanie BOURDAA
Mélanie Bourdaa est Maitre de Conférences HDR en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université de Bordeaux Montaigne, et chercheure au laboratoire MICA. Elle analyse la réception des séries télévisées américaines contemporaines par les fans, et les stratégies de productions (Transmedia Storytelling).
Elle a piloté le MOOC « Comprendre le Transmedia Storytelling » hébergé sur la plateforme FUN (1ère session janvier-mars 2014 / 2ème session Janvier-mars 2015).
Elle dirige le programme MediaNum (valorisation du patrimoine par le Transmedia Storytelling) financé par la Région Aquitaine, la DRAC et le Ministère de la Culture. http://medianum.tumblr.com/ . Elle co-dirige le Design et Media Lab.
Compte twitter @melaniebourdaa
Site Web http://fandoms.hypotheses.org/
Résumé épisode 47
1. Les origines : le spin off de Hercules, les liens avec le cinéma (Sam Raimi), le personnage (en quête de rédemption)
2. La programmation aux USA : syndication (expliquer network vs câble puis syndication)
3. les innovations : le côté camp assumé, un lead féminin dans un paysage sériel qui n'en a pas encore, héritage (Lost Girl, Wynonna Earp)
4. détourner la mythologie et l'histoire : exemple épisodes (Les Ides de Mars, Ulysses, Les Champs Elysées, apparition chrétienté vs. Dieux Graco-Romains.
5. Réception : fans lesbiennes (fan fictions), intégration des fans à l'écriture de créations épisodes de la saison 5 (When Fades Collide).
48 RIPPER STREET
avec Florence Largilllière

Florence LARGILLIERE
Après un master recherche en histoire à Sciences Po, j’ai passé 10 mois à l’université de Cambridge pour un MPhil en histoire européenne contemporaine (Modern European History). J’ai commencé mon doctorat au printemps 2015 à l’université Queen Mary de Londres, financée par le Leo Baeck Institute (qui promeut les travaux sur l’histoire juive allemande). J’ai travaillé sous la direction de Julian Jackson et Daniel Wildmann, et ai soutenu ma thèse en mai 2019.
Résumé épisode 48
1. Présentation de la série et de la façon dont ses créateurs ont utilisé l’histoire. Parmi les points que j’évoquerai ici :
- La perspective des créateurs sur l’utilité de l’histoire : quand s’en servir, quand la modifier, quand l’ignorer dans le processus créatif ?
- Le changement de structure narrative entre les deux premières saisons et la suite de la série, expliquant pourquoi je me suis concentrée sur celles-ci.
- La grande richesse de la série pour les historien.ne.s : la 1ère saison aborde les inégalités sociales, le développement de la photographie, la prostitution, l’antisémitisme, l’eugénisme, la corruption politique, l’immigration, le rôle de la presse…
- L’aspect très ‘21e siècle’ d’une série historique, qui a un côté « CSI à l’époque victorienne ».
Point intéressant à noter : la série mentionne à plusieurs reprises les meurtres de Jack the Ripper, mais il n’est pas le sujet. La série commence six mois après l’échec de l’enquête.
2.Présentation du contexte : à quoi ressemblait l’Est de Londres et Whitechapel à la fin du 19ème siècle ? Quelle est la part de mythe et de réalité dans nos imaginaires ? Je pense m’attarder 2 minutes sur la police londonienne à l’époque, pour plus tard expliquer ce qui a été exagéré dans la série.
3.Ce qui sera sûrement le cœur de l’émission : les défauts et qualités de la série pour l’audience et surtout pour les historien.ne.s.
3a)La représentation de l’Est de Londres et de l’époque avec (entre autres):
- La richesse visuelle de la série, qui permet de se plonger dans un Whitechapel loin des nuances de gris et marrons habituelles => vêtements, lieux, attention aux détails
- Les efforts des créateurs pour retrouver le langage du passé (inspirés notamment par la sérieDeadwood).
- Captain Jackson, un caractère ahistorique indispensable à la série.
3b)« Zooms » sur certains thèmes centraux de la série :
- Le milieu policier et son évolution à travers la série
- La place de la médecine et des innovations scientifiques – les innovations, leurs risques, les espoirs qui leur sont liés…
- Un quartier en perpétuelle transformation : immigration, améliorations urbaines, hygiène, rôle des œuvres de charité…
Bibliographie indicative :
Gerry Black, ‘Health and medical care of the Jewish poor in the East End of London, 1880-1914’, Jewish Historical Studies, Vol.36, 2001, pp.93-111
John Marriott, Beyond the Tower: A History of East London, YUP, 2012
L. Perry Curtis, ‘Images and Realities of the East End’, Jack the Ripper and the London Press, YUP, 2001
Haia Schpayer-Makov, ‘Journalists and Police Detectives in Victorian and Edwardian England: An Uneasy Reciprocal Relationship’, Journal of Social History, Vol.42, n°4, 2009, pp.963-987
Matthew Sweet, Inventing the Victorians, Faber&Faber, 2001
Judith Walkowitz, ‘Jack the Ripper and the Myth of Male Violence’, Feminist Studies, Vol.8, n°3, 1982, pp.542-574
Sites internet :
Clive Emsley, ‘BBC History in depth : Crime and the Victorians’:
http://www.bbc.co.uk/history/british/victorians/crime_01.shtml
History Extra, Ripper Street series four: behind the scenes with writer Richard Warlow:
‘Ripper Street Reflections’, Journal of Victorian Culture Online, 2 March 2013:
http://jvc.oup.com/2013/03/02/ripper-street-reflections/
Drew Gray, ‘Returning to Ripper Street (Part One): A Historian’s Perspective’, Journal of Victorian Culture Online, 23 October 2015:
Jessica Hindes, ‘CSI: Whitechapel: Ripper Street and the evidential body’, Journal of Victorian Culture Online, 28 Janvier 2013: http://jvc.oup.com/2013/01/28/ripper-street-csi/
Blog de Fern Riddell: https://viceandvirtueblog.wordpress.com/
49 Vatanim Sensin
Avec Elodie Gavrilof

Elodie Gavrilof
Elodie Gavrilof est en cinquième année de thèse à l’EHESS, sous la direction de Claire Mouradian. Elle travaille sur les écoles arméniennes en Turquie et en Arménie soviétique dans l’entre-deux-guerres. Elle travaille sur le rapport entre questions scolaires, identités, et construction de l’État. Elle est actuellement chercheuse associée à L’institut français d’études anatoliennes à Istanbul, après avoir enseigné plusieurs années dans le secondaire, notamment au lycée français Anatole France à Yerevan. Elle a récemment publié un chapitre sur la politique scolaire en Cilicie dans l’ouvrage La Guerre après la Guerre : La France au Proche-Orient (1918-1923). Valence : Cpa Valence Romans Agglo. 2019 (195 p.).
Résumé épisode 49
Introduction :
- Présentation des dizi turques (spécificités du genre, exportations audiences),
- Vatanım Sensin en particulier (succès de la série, récompenses...)
- Contextualisation (à propos de la guerre d’indépendance turque et d’Izmir dans le contexte post
- GM1)
Problématique : Quelle mémoire de la guerre d’indépendance turque est mise en place dans cette série ? Quels événements mobilisés ? Quelle descriptions de la guerre ? du nationalisme ?
Ce qui est intéressant dans cette série, c’est que, plus que de donner à voir une fresque de la guerre d’indépendance, elle montre surtout une vision turque nationaliste du conflit. On y rencontre une description de ce à quoi ressemble les hommes et les femmes turcs dans l’idéal à la fois kémaliste, mais surtout, à postériori, dans l’imaginaire collectif de la Turquie du XXIe siècle. Ce double discours de la reconstruction à postériori de cet idéal kémaliste du peuple turc offre au spectateur deux fenêtres à la fois proches et distinctes pour analyser le récit, ce qui est particulièrement intéressant. Les personnages présentées sont sont des archétypes de telle ou telle figure grecques ou turques, ce qui n’empêche pourtant pas un réalisme frappant et permet par ailleurs au spectateur d’en apprendre beaucoup sur cette période de transition entre empire et république. Le réalisme demeure néanmoins altéré par l’exagération de la figure du héros qui a toujours un coup d’avance, mais cet aspect est un aspect important du dizi. Il est donc intéressant, ici, d’analyser la mise en scène du peuple et de la nation turcs dans Vatanım Sensin. La série montre un aspect majeure de la guerre d’indépendance, le front de l’ouest et la conquête d’Izmir, moment
majeur, de basculement même, et c’est un fait rappelé souvent au fil des épisodes, de cette guerre au profit des forces nationalistes. On y voit aussi mise en scène la naissance de la république, proclamé le 29 octobre 1923.
La mise en scène du peuple et de la nation turque dans Vatanım Sensin
La figure de l’homme turc : Cevdet, le personnage principal, incarne l’idéal de l’homme turc (bon soldat, bon père de famille)
→ Il incarne le lien entre patrie et famille.La place des femmes dans la série : Les femmes occupent une place ambivalente dans la série : elles sont un atout dans la guerre pour tout ce qui n’est pas de l’ordre du combat au corps à corps et du champs de bataille, mais en même temps, elles sont parfois présentées comme des petites choses fragiles.
→ Bien que jouant un rôle indispensable dans la guerre, elles sont présentés comme
agissant presque toujours d’après leurs émotions
Une foi absolue en Mustafa Kemal : Plusieurs personnages de la guerre d’indépendance
sont joués, ils sont montrés et interagissent avec les personnages de la fiction (Ismet Pasha, par exemple). Mustafa Kemal est omniprésent, il surplombe l’histoire tout en étant jamais montré
→ Schéma classique de l’interprétation de Mustafa Kemal dans les fictions turques. Il est une figure trop important pour être réinterprétée, en même temps, ne pas le montrer permet aussi (hypothèse) d’éviter de froisser certains groupes politiques à l’heure d’une nouvelle utilisation du passé dans la seconde moitié des années 2010.
La guerre d’indépendance et le front de l’ouest.
La déliquescence de l’Empire : Dans le premier épisode surtout, l’Empire est décrit
comme comme tel.
→ Présentation quasi tautologique (même si l’Empire était mal en point) assez classique de l’historiographie turque de la période.L’occupation grecque de Smyrne/Izmir : Le peuple turc est mis en scène comme résistant face à l’invasion. C’est le cas mais l’emphase est très prononcé. Aucun coup de feu turc, au long des 59 épisodes, n’est tiré sans une explication ou sans qu’il soit une réponse à des tirs grecs.
→ Les soldats turcs sont absolument irréprochables dans la série, seuls les Grecs commettent des crimes de guerre. L’affirmation, surtout considérant le génocide des Arméniens, des Grecs pontiques et des Assyriens pendant la Première guerre mondiale, est plus que douteuse.
Les personnages grecs dans la série : Ils sont présentés de manière très ambivalentes. Une différence nette, d’une manière générale, est faite entre l’armée d’occupation grecque et les Grecs d’Izmir.
→ Si les conflits communautaires ne sont pas oubliés, les Grecs d’Izmir sont d’une manière générale plutôt favorables aux nationalistes. C’est une question encore largement débattue, mais qui est plutôt bien présentée dans la série, quoique parfois un peu appuyée
La mise en scène de la naissance de la République turque, symbole de retour à la paix et de pacification des relations inter-communautaires.
1. Les forces grecques d’occupation et les officiers ottomans : des symboles d’une anti- nation personnifiée : Le personnage de Tevfik, officier qui demeure pro-ottoman en
1919, est ambigüe. Le personnage a poignardé dans le dos Cevdet dans le premier
épisode.
La chronologie dans Vatanım Sensin : Afin de montrer l’image d’une nation quasi
parfaite, certains événements sont volontairement oublié. Il est très peu question de la Première guerre mondiale, parfois mentionnée mais souvent évitée. Les Arméniens, par exemple, ne sont mentionnés que dans deux épisodes. L’incendie de Smyrne de 1922 est soigneusement évité.
→ Dans le dernier épisode, on passe de la reprise d’Izmir à l’établissement de la
République, montrant une image apaisée.
La République : symbole de paix et d’avenir radieux : Hilal, à la fin de la guerre,
souhaite devenir enseignante. Elle est tournée vers l’avenir et avance que ‘ce dont notre pays aura le plus besoin après la guerre ce sont des écoles et des professeurs. Mustafa Kemal a tenu un congrès sur l’éducation au milieu de la guerre/ Il a dit que la guerre contre l’ignorance est la guerre est plus importante que la guerre contre un ennemi. L’education est la chose la plus importante pour ce pays’. La dernière image est d’ailleurs celle d’un enfant qui fait un salut militaire après avoir déposé des drapeaux dans un cimetière militaire.
→ Cela rappelle beaucoup le discours à la jeunesse de 1927, où Mustafa Kemal avance que les enfants de la Turquie sont les gardiens de la paix et de la continuation de la nation
Bibliographie indicative :
AKSAKAL Mustafa. The Ottoman Road to War in 1914 : The Ottoman Empire and the First World War. New York : Cambridge University Press. 2008 (216 p.)
GEORGELIN Hervé. La fin de Smyrne : du cosmopolitisme aux nationalismes. Paris : CNRS Éditions. 2005. (254 p.)
HANİOĞLU Şukru. Atatürk : An Intellectual Biography. Princeton : Princeton University Press. 2011 (297 p.)
YAVUZ Hakan & FEROZ Ahmad. War and Collapse : World War I and the Ottoman State. Salt Lake City : University of Utah. 2016 (1532 p.)
YAVUZ Hakan et BLUMI Isa. War and Nationalism : The Balkan Wars, 1912-1913 and their Sociopolitical Implications. Salt Lake City : University of Utah. 2013 (884 p.)
ZÜRCHER Erik Jan. The Young Turk Legacy and Nation Building : From the Ottoman Empire to Atatürk’s Turkey. Londres : I.B. Tauris. 2010 (358 p.)
50 RECTIFY
avec Sarah Hatchuel

Sarah Hatchuel
Ancienne Présidente de la Société Française Shakespeare, est Professeure en études cinématographiques et audiovisuelles à l’université Paul-Valéry Montpellier 3. Elle est l’auteure de livres sur Shakespeare au cinéma (Shakespeare and the Cleopatra/Caesar Intertext : Sequel, Conflation, Remake, Fairleigh Dickinson University Press, 2011; Shakespeare, from Stage to Screen, Cambridge University Press, 2004; A Companion to the Shakespearean Films of Kenneth Branagh, Blizzard Publishing, 2000) et sur les séries télévisées américaines (Rêves et series américaines : La fabrique d’autres mondes, Rouge Profond, 2015; Lost : Fiction Vitale, PUF, 2013 ; The Leftovers : le troisième côté du miroir, Playlist Society, 2019). Elle codirige (avec Nathalie Vienne-Guerrin) la collection Shakespeare on Screen (PURH/CUP) et codirige (avec Ariane Hudelet) la revue TV/Series (http://tvseries.revues.org).
Site web : https://shatchuel.wixsite.com/hatchuelsarah
Résumé de l'épisode 50
Créateurs ; originalité de l’histoire et du format
Pourquoi ce titre ?
Cadres dans le cadre
Références aux films et séries sur la prison
Redécouverte du monde et narration sérielle (un personnage formulaire face à un monde feuilletonnant)
Daniel Holden : Un regard d’artiste sur le monde
De la piscine à l’océan : rédemption et libération
Un quotidien réinvesti de poésie
La cellule comme Chambre blanche de transcendance (les liens avec Twin Peaks)