EPISODES Août 2020
36 CRITICAL ROLE avec Caroline Duvezin
37 CODE QUANTUM avec Claire Cornillon
38 DEUTSCHE et FAMILY BRAUN avec Nele Wissmann
39 TREME avec Aurélie Godet
36 Critical Role
Avec Caroline Duvezin

Caroline DUVEZIN
Caroline Duvezin-Caubet est agrégée d’anglais et docteure en études anglophones, spécialiste des littératures de l’imaginaire contemporaine. Elle a soutenu en 2017 sa thèse intitulée « Dragons à vapeur : vers une poétique de la fantasy néo-victorienne contemporaine » sous la direction de Christian Gutleben à l’Université de Nice et est actuellement ATER à l’Université de Poitiers. Elle a participé au premier colloque des Imaginales sur « Fantasy & Histoire(s) » en parlant de steampunk post-colonial et publié divers articles sur la fantasy contemporaine ; le dernier en date porte sur les notes de bas de page dans Les Annales du Disque-monde de Terry Pratchett. En tant que secrétaire adjointe du CERLI (Centre d’Etudes et de Recherche sur les Littératures de l’Imaginaire), elle anime le compte Twitter.
Résumé épisode 36
PRESENTATION SERIE
Campagnes de jeu de rôle sur table dans le système Donjons et Dragons 5ème édition ; (Où et Quand ?) retransmis en direct sur Twitch tous les jeudis à 19 heure pacifique (4 heures du matin en France), archives disponible sur Youtube
Combien ? : Format (4h en moyenne), longueur (+ de 1000 heures), 2 campagnes (C1 115 épisodes ; C2 99 épisodes, en hiatus à cause de la pandémie)
Qui ? groupe d’acteurs et doubleurs dessins animés et jeux vidéo (ex : Travis Willingham = voix de Roy Mustang chez Fullmetal Alchemist, Ashley Johnson Ellie Last of Us I&II + Blindspot, Matt Mercer Overwatch)
Quoi ? monde d’Exandria, C1 aventures de Vox Machina (jumeaux roublard & rôdeuse Vax & Vex, druide Keyleth, barbare Grog, barde Scanlan, clerc Pike, Percy) dans l’empire de Tal’dorei et au-delà ; C2 aventures des Mighty Nein sur le continent de Wildmount (magicien, moine, sorcier, roublard, clerc, barbare & classe originale créée par le MJ) [politique spoilers : pas trop de détails sur la C2]
Comment ? caméras fixe, joueurs autour de la table, MJ assis ou debout, battle cam pour les combats (modèles et miniatures), parfois fiches des personnages joueurs projetés dans le coin en bas
Pourquoi ? série hybride, au carrefour de différents domaines de la pop culture, à la fois engagée/en dialogue avec l’actualité et incroyablement immersive, qui fait rire, trembler et pleurer, un phénomène qui a une vie propre
THEMES
1) Un phénomène culte
- Origine de la série (2015) et actualités (2019 créent leur propre compagnie et Kickstarter qui bat tous les records, adaptation dessin animé et BD, produits dérivés) ; guest stars (Wil Wheaton, Patrick Rothfuss, Khary Payton, Deborah Ann Woll, Mica Burton, etc.)
- Point rapide Donjons et Dragons (origine du jeu, histoire des éditions ; revival et 5ème édition) mécanique de jeu de base (d20, réussite et fumble critique ; traits et attributs, magie, initiative et tours de combat)
- Un nouveau genre hybride ? théâtre/improvisation avec des maths, roman/récit oral, jeu de rôle/e-sport
- les « Critters » : fandom hyper-passionné et créatif : fanart, cosplay, musique, travail d’archivage de Critrolestats
- Comment j’ai été recrutée dans le « culte »
2) Un monde en évolution
- Créer un monde : le Maître du jeu : accents (nains écossais, elfes britanniques ; géographie/cartes, histoire et mythologie
- Une histoire coopérative : l’exemple de Percy, la création des armes à feu et la damnation (métajeu et poncifs)
- Peupler un monde moderne : Donjons & Dragons réputation sexiste (méritée) vs. MJ spécialisé en PNJs féminins nuancés et variés (Kima la paladine et Allura la magicienne, Marion Lavorre « the Ruby of the Sea », courtisane célèbre et mère d’une des PJ dans la C2
- Une série engagée dans le monde réel (activités caritative, prise de position Black Lives Matter et Trans Rights) et dans le monde virtuel représentation PNJs LGBTQ+ racisés (Gilmore, J’mon Sa Ord, Dairon)
- Race, racisme et monstruosité : l’héritage problématique de D&D (alignement moral) / nature et culture, destin et libre arbitre ; drows, orcs, gobelins etc. -> Fjord, Nott et la guerre entre l’empire et la dynastie dans la C2 ; contexte discussion autour du racisme dans le monde des TTRPGs (« Black AF » discussions menées par Omega Jones alias « Critical Bard »)
3) Une série épique
- Mort et sacrifices : mécanique de jeu homebrew, destin/superstition (les réussites critiques de Taliesin), question du sens ; mémoire et deuil
- Héroïsme et salut ; faire des pactes avec les dieux et le MJ
- Une histoire d’amour et de communauté
4) Commencer et finir
- Par quelle campagne commencer ? un programme modulable ; C2 (re)découvrir les règles, le contexte et les caractéristiques de classe avec les joueurs dont les PJs ne se connaissent pas ; les one-shots (Honey Heist, Harry Potter & Breakfast Club ; Call of Cthulhu ; Monsterhearts ; Undeadwood…)
- éviter les spoilers : un exercice d’équilibriste !
- accessibilité : sous-titres traduits par la communauté ; allusions culturelles décodées par Critrolestats
- autres séries TTRPG comparables :The Adventure Zone (podcast) ; Rise of the Demigods ; Rivals of Waterfall ; Sirens of the Realm ; série de Dimension 20 (dont une « parodie » de Game of Thrones)
BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE
Sources primaires
Critical Role C1: Vox Machina, https://www.youtube.com/watch?v=i-p9lWIhcLQ&list=PL7atuZxmT954bCkC062rKwXTvJtcqFB8i
Critical Role C2E26, “Found and Lost”, https://www.youtube.com/watch?v=NZVqPja6Alg
Donjons et Dragons: Manuel des joueurs
- Version française 5ème édition, Black Book Editions (Player’s Handbook, Wizards of the Coast), 2014.
Donjons et Dragons: Guide du maître – Version française 5ème édition, Black Book Editions (Dungeon Master’s Guide, Wizards of the Coast), 2017.
Mercer, Matthew et James Haeck, Tal’dorei Campaign Setting, Green Ronin Publishing, 2017.
Mercer, Matthew, Matt Colville, Olivia Samson et Chris Nothrop, Vox Machina Origins, Dark Horse Books, 2018.
Sources critiques
A Critter’s Guide to Critmas, Geek & Sundry, 11 December 2015, https://geekandsundry.com/a-critters-guide-to-critmas/
Blanc, William. « Progressisme ou barbarie ? Les orques dans l’histoire des univers de fantasy » in Besson, Anne (dir.) Fantasy & Histoire(s) : Actes du colloque des Imaginales 2018. Chambéry : ActuSF, 2019, p.297-316.
Caïra, Olivier. Jeux de rôle : Les Forges de la fiction. Paris : CNRS Editions, 2007.
Cover, Jennifer Grouling. The Creation of Narrative in Tabletop Roleplaying Games. Jefferson: McFarland & Company, 2010.
David, Coralie. Le jeu de rôle sur table : l’interactivité de la fiction littéraire. Thèse de doctorat en Littérature comparée. Université de Paris 13, 2015.
Ellis, Lindsay. “Bright: The Apotheosis of Lazy Worldbuilding – Video Essay”, 2 February 2018, https://www.youtube.com/watch?v=gLOxQxMnEz8
Fine, Gary Alan. Shared Fantasy: Role Playing Games as Social Worlds. Chicago: University of Chicago Press, 1983.
Hills, Matt. Fan Cultures. London and New York: Routledge, 2002.
Hope, Robyn. “Play, Performance and Participation: Boundary Negotiation and Critical Role”. Mémoire de Master en Communication. Dir. Mia Consalvo. Concordia University, 2017.
Mackay, Daniel. The Fantasy Role-Playing Game: A New Performing Art. Jefferson: McFarland & Company Inc., 2001.
Mazzacane, Daniel. “How Critical Role Uses Role Play to Explore the Burden of Grief”, The Wrangler, 10 December 2019, https://thewrangler.org/2019/12/10/critical-role-burden-of-grief/
Montola, Marcus. “On the Edge of the Magic Circle. Understanding Role-Playing and Pervasive Games.” Thèse en Sciences de l’Information, University of Tampere, 2012.
Omega Jones et al., “Black AF Roundtable of TTRPG Creators”, 5 juin 2020, https://www.youtube.com/watch?v=U5LvppNUmas
“Running Stats”, CritRolestats https://www.critrolestats.com/stats
Taylor, T.L. E-sports and the Professionalization of Computer Gaming. MIT Press, 2012.
Zambrano, J.R., “D&D : WoTC Announces Inclusivity Updates to Orcs, Drow, and Vistani”, 18 juin 2020, https://www.belloflostsouls.net/2020/06/dd-wotc-announces-inclusivity-updates-to-orcs-drow-and-vistani.html
PETIT GUIDE DE VISIONNAGE
par Caroline Duvezin
1) Pour celleux qui se disent « ça a l’air super bien, mais par où je commence ? »)
- Par un début : Campagne 2, Episode 1 (https://www.youtube.com/watch?v=byva0hOj8CU)
Les personnages sont tous niveau 2 et se connaissent à peine ; les joueur.se.s sont sur un nouveau continent et maîtrisent mal leurs nouvelles classes et races : c’est l’occasion de découvrir ensemble ! Le MJ réexplique souvent des règles, si vous ne connaissez rien à D&D, je conseille de mettre les sous-titres et chercher des termes qui semblent techniques dans Google, tout simplement (attention les wikis de personnages sont bourrés de spoilers vu l’avancée de la campagne, allez-y à vos risques et périls)
- Par LE début : Campagne 1, Episode 1 (https://www.youtube.com/watch?v=i-p9lWIhcLQ)
Honnêtement, ce n’est pas l’idéal : les personnages sont niveau 9, on commence au milieu d’une aventure, et les joueur.se.s ne sont pas du tout rôdé.e.s à ce tout nouveau format, bref, c’est le bazar. Si vous tenez à commencer par la campagne 1, ne vous sentez pas obligé.e de commencer par le début pour autant : voici deux guides en anglais qui pourront vous aider à cerner votre point de départ en fonction de ce qui vous plaît et de votre expérience
https://thefandomentals.com/critical-role-nerdiest-thing-ever/
https://www.reddit.com/r/criticalrole/wiki/newviewers#wiki_quick-start_guide
2) Pour celleux qui se disent « ça a l’air bien, mais je veux d’abord voir avec quelque chose de moins long et moins compliqué au niveau des règles » : il y a plein de One-shots !
- Minimum de règles, Maximum de bêtises : Honey Heist P1 (https://www.youtube.com/watch?v=9jbGshiuFs4)
Les règles du JDR Honey Heist par Grant Howitt tiennent littéralement sur une page. On utilise 1 seul dé, 2 statistiques, et le but c’est de voler du miel. Ici Marisha Ray est la meneuse de jeu, Matthew Mercer joue Trinket (l’ours familier de la rôdeuse Vex’ahlia dans la première campagne) et les autres ours de son équipe sont joués par Sam Riegel, Taliesin Jaffe, Liam O’Brien et Brian Foster. Si ça vous plaît, illes ont fait une suite avec les mêmes joueurs (légers spoilers pour la fin de la campagne 1) et un troisième opus 100% féminin (https://www.youtube.com/results?search_query=honey+heist+3) avec Krystina Arielle, Dani Carr, Brittany Walloch-Key, Mary Elizabeth McGlynn, Noelle Stephenson et Laura Bailey
- Minimum de règles, maximum de mignognitude : Tails of Equestria OneShot (https://www.youtube.com/watch?v=F_yjWbguXW4)
My Little Pony: Friendship Is Magic a un JDR! C’est adorable au point de vous filer des carries, avec 1 dé, 4 statistiques, et plein de blagues. Ici le MJ c’est Mark Hulmes, les joueur.se.s sont Ashley Johnson, Markeia McCarthy, Julie Nathanson, Liam O’Brien et Roger Craig-Smith.
- Moins de règles, plus d’hormones : Cinderbrush : A Monsterhearts Story (https://www.youtube.com/watch?v=51ykIVq9KcM)
Les règles du JDR Monsterhearts par Avery Adler prennent un peu plus d’une page mais avec 4 statistiques et 2 d6, il y a beaucoup moins de maths et beaucoup plus de discussion et d’émotions. Ca se passe au lycée, les joueur.se.s sont des ados avec des pouvoirs surnaturels qu’ils doivent cacher, c’est bourré d’hormones, très émo et très queer. Matthew Mercer est le MJ à nouveau, les joueur.se.s sont Taliesin Jaffe, Ashley Johnson, Erika Ishii et Ally Beardsley
Par ailleurs, une fois que vous êtes plus à l’aise avec les règles de D&D ou voulez découvrir d’autres systèmes, Critical Role a des one-shots avec des loups-garous, spécial Noël, avec des ratons-laveurs qui font des courses de voitures illégales (encore un JDR de Grant Howitt), rencontres amoureuses, Call of Cthulhu, Dread, Deadwood… il y en a vraiment pour tous les goûts !
3) Pour celleux qui se disent « bon c’est bien beau mais il doit y avoir d’autres groupes de joueur.se.s qui ont une bonne synergie ? » : évidemment !
- Dimension20 : le MJ Brandon Mulligan, ses joueur.se.s (Zac Oyama, Ally Beardsley, Siobhan Thompson, Emily Axford, Brian Murphy et Lou Wilson) et toute son équipe font un vrai travail d’inclusion et de représentation dans le monde fictionnel et dans la réalité (avec deux joueurs racisés et un.e joueur.se non-binaire), les saisons font 16-17 épisodes de 2h chacun, il y a une super ambiance et très peu de temps morts (pas retransmis en direct, gros travail d’édition et de montage, avec notamment des terrains et miniatures splendides)
Chaque saison se passe dans un univers différent, les saisons 1, 2 et la moitié de la saison 3 sont sur Youtube. La saison 5, dernière en date, est une parodie de Game of Thrones où tous les personnages sont des sucreries, c’est épique et absurde à la fois, avec beaucoup d’émotions et d’intelligence. Le premier épisode est sur Youtube (https://www.youtube.com/watch?v=REnc_wXkHnc), pour la suite il faudra par contre passer par leur service de streaming, Dropout…
- Rivals of Waterdeep : les joueur.se.s et MJ évoluent et changent au fur et à mesure des saisons, mais toujours une équipe 100% racisée. Dans le premier épisode, le MJ est Aram Vartian, les joueur.se.s sont Tanya DePass, Carlos Luna, Brandon Stennis, Surena Marie, Cicero Holmes et Shareef Jackson
https://www.youtube.com/watch?v=cvgcnOu7bQA&list=PLfS8QgUdeGYr7gUFsqYKdzo5hGLwBxRY5
- Rise of the DemiGods : équipe 100% LGBTQ+ avec le MJ Aram Vartian et son équipe de joueur.se.s demi-divinités McKenzie Wilkes, Arvey Basa, Niky Crawford et Joey Barranco (pas retransmis en direct, donc avec quelques jolis effets de post-production)
https://www.youtube.com/watch?v=QQm2ue8FBzQ&list=PLZC5o4llyV94q0wTroV3rQL_rz-KMMb4b
[NB : Cette campagne est un prequel à la campagne Godsfall, qui a également Aram Vartian comme MJ, et est diffusée sous forme de podcast (https://godsfall.simplecast.com/episodes/the-history-of-godsfall-part-1), mais aucune connaissance de celle-ci n’est requise pour apprécier Rise of the DemiGods)]
- Sirens of the Realm : équipe 100% feminine avec la MJ Satine Phoenix et ses joueuses bardes (qui évolue au fil des épisodes mais on commence avec Maude Garrett, Amy Vorpal, Vivid Vivka et Kate Elliott)
https://www.youtube.com/watch?v=PwgGL20exng&list=PLfS8QgUdeGYqdDzuCM1QyyL_fcBQH-EU-
4) Pour celleux qui préfèrent les podcasts : il y en a des tonnes !
[NB : Un certain nombre de campagnes persistantes streamées, comme Critical Role, existent en format podcast même si elles ne sont pas conçues pour : ça s’écoute tout à fait même si on a pas toutes les informations (jeux de regards, miniatures et autres fiches de persos)]
- Classique : The Adventure Zone, avec les frères Justin, Travis et Griffin McElroy et leur père Clint.
Probablement les premiers à avoir du succès en diffusant leur campagne personnelle (après des streams officiels comme Acquisitions Inc.)
La campagne 1, « The Balance Arc » commence comme une vaste blague (https://maximumfun.org/episodes/adventure-zone/ep-1-here-there-be-gerblins-chapter-one/) et finit dans un déluge d’émotions incroyable à l’épisode 69, ça vaut la peine de s’accrocher. La campagne 2, « Amnesty » (https://maximumfun.org/episodes/adventure-zone/setup-adventure-zone-amnesty/), utilise le système de jeu « Monster of the Week », qui a le même principe de base que Monsterhearts (2d6, 4 statistiques, plus de discussions que de maths), elle est beaucoup plus sombre dès le départ, vraiment excellente, et a seulement 36 épisodes.
La campagne 3, « Graduation » (https://maximumfun.org/episodes/adventure-zone/graduation-ep-1-orientation/), est actuellement en cours ; elle revient au système de D&D mais dans un contexte de lycée et cette fois c’est Travis qui est aux commandes.
Conseils en vrac (pas écoutés personnellement mais chaudement recommandés):
- The Rusty Quill Gaming Podcast, créé et mené par Alexander J. Newall, l’un des créateurs du podcast d’horreur The Magnus Archives, dans le système Pathfinder (http://rustyquill.com/rusty-quill-gaming/)
- Not Another D&D Podcast, avec certains des membres de Dimension 20 et Brian Murphy aux commandes (https://www.naddpod.com/archive)
- Friends at the Table, qui a aidé Griffin McElroy à réfléchir à la représentation et la diversité dans son propre univers, a son propre guide pour vous aider à choisir par quelle saison commencer : https://twitter.com/Friends_Table/status/878816769439412225
- Campaign Skyjacks, créé par James d’Amato : c’est des pirates de l’air ! (http://oneshotpodcast.com/podcasts/sky-jacks-episode-1/)
- The Broadswords : équipe 100% féminine & non-binaire (https://www.stitcher.com/podcast/the-broadswords)
5) Et sinon, en français, il y a des choses… ?
Probablement un certain nombre ! Voilà deux que l’on m’a recommandé :
- Rôle’n Play, avec Julien Dutel comme MJ et Maxime Chattam parmi les guest stars (https://www.youtube.com/watch?v=5UVmDEiFuP8)
- La Bonne Auberge, avec Lucien Maine comme MJ et Pénélope Beaulieu parmi les joueur.se.s (https://www.youtube.com/watch?v=mPHXKH1O1KY)
Publications de Caroline Duvezin :
- « Feet of Clay : Footnotes and Authority in Terry Pratchett’s Discworld Series », Fantasy Art and Studies N°8 « Tribute to Terry Pratchett/Fantasy humoristique », éd. Viviane Bergue, juin 2020 [publication en ligne https://fr.calameo.com/read/004997431e22f6c3619eb]
- « Empires é-cartés, état rêvé : conquête de l’espace imaginaire dans la trilogie de Bas-Lag de China Miéville », Cultural Express N°1, « États et empires de l’imaginaire », dir. Christian Chelebourg, Matthieu Freyheit et Victor-Arthur Piégay, novembre 2019 [publication en ligne http://cultx-revue.com/article/empires-e-cartes-etat-reve-la-conquete-de-lespace-dans-la-trilogie-de-bas-lag-de-china-mieville]
- « The Empire Writes Back : Uchronie et steampunk postcolonial », Fantasy & Histoire(s) (Actes du colloque des Imaginales 2018), dir. Anne Besson, ActuSF, 2019, p.317-341.
- « As Old as Time: Jane Eyre and the Power of the Gothic in Fantasy in Three Recent Fantasy Novels », Fantasy Art and Studies N°4, « Victorian Roots/Racines victoriennes », éd. Viviane Bergue [publication en ligne https://fr.calameo.com/read/0049974318461ba0e43ec]
- « La carte du cœur : Navigation magique et identités postcoloniales dans The Girl From Everywhere de Heidi Heilig », Mondes et cartes : Les chantiers de la création n°10 (édition papier anniversaire), Aix-en-Provence, Presses Universitaires de Provence, 2018 (ISBN 9791032001585), p.87-103 — article tiré de la communication présentée le 05/04/2017 à l’Université d’Aix-Marseille lors de la journée d’étude « Mondes et cartes ».
- « Informal Apocalypse: Neil Gaiman and Terry Pratchett’s Good Omens », Formes d(e l)’apocalypse (Actes du colloque 2016 « Forms of the Apocalypse ») p.317-334 [publication électronique par la bibliothèque numérique de Paris 8 http://octaviana.fr/document/COLN20_1 ISBN : 978-2-37059-008-4]
- « ‘Maybe it isn’t fair. But fairy tales never really are’ : Les fées dans la série October Daye de Seanan McGuire », Magma Vol.14, N°3, dir. Christian Chelebourg et Noémie Budin [publication en ligne http://www.magma.analisiqualitativa.com/1403/article_03.htm]
- « Elephants and Light Fantasy: Humour in Terry Pratchett’s Discworld Series », Études Britanniques Contemporaines N°51, décembre 2016 [publication en ligne https://ebc.revues.org/3462]
- « The Return of the Fairies: Jonathan Strange and Mr Norrell by Susanna Clarke », Fantasy Arts and Studies N°1 « Beyond Tolkien/Au-delà de Tolkien », éd. Viviane Bergue [publication en ligne http://fr.calameo.com/read/0049974313af08b5d8df5]
37 Code Quantum
avec Claire Cornillon

Claire CORNILLON
Claire Cornillon est Maîtresse de conférences à l'Université de Nîmes. Elle s'intéresse notamment au récit, à la fiction et à la sérialité, en particulier dans les séries TV. Elle a publié en 2018 Sérialité et Transmédialité. Infinis des fictions contemporaines. Elle est également co-responsable du Master Fiction à l'Université de Nîmes et co-responsable du programme d'études sur les séries télévisées GUEST-Occitanie.
Résumé épisode 37
- Présentation de la série
-la série dans le contexte de la télé américaine des années 1980
-rapport grande histoire et petites histoires
-empathie et altruisme
-Grandes thématiques de la série :Guerre, racisme et discriminations
-héroïsme et destinée : l'itinéraire des deux personnages principaux
Bibliographie sélective :
Communication de Jules Sandeau : Code Quantum (1989-1993): Les sauts quantiques de la masculinité blanche : https://www.youtube.com/watch?v=5UrxAxExWmE
Mon article sur la représentation des guerres dans la série : https://journals.openedition.org/tvseries/1937
38 Deutsche et Familie Braun
avec Nele Wissmann

Nele WISSMANN
Nele Wissmann, attachée de recherche à la fondation Konrad Adenauer à Paris, chercheuse associée à l'Ifri et au Cerfa, est spécialiste de l'étude de l'extrême droite en Allemagne
Résumé épisode 38
Pourquoi lier la recherche sur les migrations avec l a recherche sur les extrémismes ?
Je souhaiterais revenir sur la crise des réfugiés den 2015/2016 comme césure clé de la société allemande (après celle de 1989) et l’interconnexion entre les différentes thématiques (comme elle est d’ailleurs démontrer dans les deux séries)
Présentation des deux séries/point sur la différence de genre
Je présenterai les synopsis des deux séries.
Contexte temporel : Familie Braun (22016) / Deutsche (2020) - Qu’est - ce qui a changé pendants ces 4 ans en Allemagne ?
J’aimerais bien contextualiser les deux séries : 2016 (ccrise des réfugiés) / 2020 (série d’attentats – Walter Lübcke/ Halle//Hanau)
Est-ce que l’étude des milieux/l’élaboration des personnages est réussie ?
Les deux séries décrivent des milieux complètement différents. Le milieu et les personnages de la série Deutsche me semblent beaucoup plus réussi s et adapté s à la situation actuelle. Les deux néonazis de Familie Braun sont (et c’est certainement voulu) dans la caricature totale. Point important : Le néonazi tête rasé des années 90 ne domine plus l’extrême droite qui s’est beaucoup complexifiée (je reviendrai dans cette partie sur plusieurs points de mon étude)
Critiques sur les deux sériés (médias// prix gagnés etc..)
Cette partie serait intéressante pour deux raisons : Les deux séries ont été énormément critiquées dans la presse allemande (notamment la Famillie Braun – a - t - on le droit de rigoler d’un sujet aussi sérieux ?). Familie Braun a cependant gagné le Emmy International. A discuter donc si ce genre de comédie peut mieux fonctionner à l’étranger car moins de tabou s quant à la thématique..
Le rôle de ces séries pour l’éducation civique (particulière) en Allemagne ?
J’aimerais bien discuter cette question parce que j’ai notamment perçue la série Deutsche comme outil éducatif pour jeunes adultes/adolescents. Y sont posées les questions de la radicalisation d’une société et le courage civique à prouver face à une telle radicalisation.
Quelle des deux séries à regarder en priorité et pourquoi ?
Si on a très peu de temps, quelle des deux séries à regarder prioritairement pour mieux comprendre la société allemande ?
Pour avoir une étude plus approfondie, ce serait certainement la série Deutsche bien que le spectateur reste un peu sur sa faim quant à la dimension politique. La série reste cependant assez classique quant au scénario.
De ce point de vue, Familie Braun propose (eet on ne dirait pas au début vu le genre et la légèreté des dialogues) une gymnastique intellectuelle beaucoup plus intéressante au moment où on accepte de sortir du politiquement correct et de quest ionner sur sa propre empathie pour le personnage principal.
Bibliographie pour poursuivre la lecture
Wissmann , Nele,, « Le terrorisme d’extrême droite en Allemagne. Une menace sous - estimée ? », Notes du Cerfa, n°151, Ifri, décembre 2019.
Röpke, Andrea et Speit, Andrea s ( d i r .), Blut und Ehre. Geschichte und Gegenwart rechter Gewalt
in Deutschland , Ch. Links Verlag, 2013.
Pfahl - Traughber, Armin, Rechtsextremis mus in Deutschland. Eine kritische
Bestandsaufnahme, Springer VS, 2019.
Staud, Toralf et Radke, Johannes, Neue Nazis – Jenseits der NPD: Populisten, Autonome Nationalisten und der Terror von rechts , KiW i - Taschenbuch, Kiepenheuer & Witsch eBook , 2012.
Virchow, Fabian , Langebach, Martin et Häusler, Alexander ( dir..), Handbuch Rechts extremismus , Springer VS, 2016 .
Quent, M., Deutschland rechts außen : wie die Rechten nach der Macht greifen und wie wir sie stoppen können, Piper, 2019 .
39 TREME
avec Aurélie Godet

Aurélie GODET
Ancienne étudiante de l’ENS Lyon et agrégée d’anglais, Aurélie Godet est depuis 2013 maîtresse de conférence en histoire des États-Unis à l’Université de Paris. Après avoir longtemps consacré ses recherches aux idées et aux mouvements conservateurs (une dizaine d’articles + Le Tea Party, livre paru aux éditions Vendémiaire en 2012), elle travaille maintenant sur un sujet bien différent, à l’intersection de l’histoire politique, de l’histoire culturelle et des études urbaines : la fête et ses avatars dans les villes étatsuniennes. Elle est depuis 2019 rédactrice en chef du Journal of Festive Studies, revue internationale d’études sur les pratiques festives. Son prochain livre, Festive City : The Politics of Play in New Orleans, proposera une lecture politique de la fête à La Nouvelle-Orléans du XVIIIe à nos jours.
Elle a passé neuf mois à La Nouvelle-Orléans, en 2018 puis 2019, invitée par l’université Tulane.
Résumé de l'épisode 39
Treme est une série de David Simon et Eric Overmeyer diffusée de 2010 à 2013 sur HBO, chaîne de télévision américaine payante connue pour ses choix de programmation audacieux voire risqués (Oz, The Sopranos, Big Love, Carnivale, The Wire, In Treatment, Deadwood, Chernobyl) autant que pour ses superproductions (Games of Thrones). La collaboration entre Simon et la chaîne avait commencé dès 2000 avec The Corner et s’était confirmée en 2002 avec The Wire puis 2008 avec Generation Kill. Autant dire que quand Simon s’est lancé dans l’aventure, il était bien soutenu financièrement.
La série se déroule quasi intégralement à La Nouvelle-Orléans dans les mois et années consécutives au passage de l’ouragan Katrina en août 2005 et aux inondations destructrices qui ont suivi la rupture du système de digues (pour mémoire, la ville a été inondée à 80 % pendant plusieurs semaines). Plus précisément, l’action commence trois mois après la double catastrophe qui a frappé la ville fin août 2005 et s’achève fin 2008, au soir de la victoire de Barack Obama à l’élection présidentielle. Histoire du temps présent.
Le titre de la série fait référence au quartier de Tremé, l’un des plus anciens quartiers afro-américains des États-Unis, dont la démographie s’est profondément modifiée suite à Katrina et qui constitue en tant que tel une illustration parfaite du processus de gentrification tel qu’il a été théorisé par la sociologue britannique Ruth Glass dès 1964, autrement dit des transformations de quartiers populaires dues à l’arrivée de catégories sociales plus favorisées qui réhabilitent certains logements et importent des modes de vie et de consommation différents.
Son thème principal, c’est la résilience d’une ville via sa culture, prise au sens large (musique surtout, mais aussi cuisine, carnaval). Pour les spectateurs, la culture constitue le fil rouge dans la narration. Pour les personnages, la culture a un caractère thérapeutique en ce qu’elle permet de recréer du collectif et du sens après le traumatisme Katrina mais c’est aussi, plus fondamentalement, un moyen de subsistance, ainsi que l’illustre le slogan de l’État de Louisiane depuis les années 2000 : « Louisiana, where culture means business »).
En termes formels, Treme repose sur une structure narrative « chorale ». La série suit ainsi les vies d’une dizaine de personnages qui se croisent sans nécessairement se connaître ou se rencontrer. Parmi eux, on compte un grand nombre de musiciens (le tromboniste Antoine Batiste, le « Big Chief » d’un collectif de Mardi Gras Indians Albert Lambreaux, son fils le trompettiste de jazz Delmond Lambreaux, le compositeur et DJ Davis MacAlary, le guitariste de blues Sonny et la violoniste Annie Tee), mais aussi des personnages dont l’activité n’est qu’indirectement liée à la musique :
la tenancière de bar LaDonna Batiste-Williams,
l’avocate Antoinette ‘Toni’ Bernette et sa fille
le policier Terry Coulson,
la chef cuisinière Jeannette DeSautel,
le promoteur immobilier Nelson Hidalgo
Point commun : tous sont, d’une manière ou d’une autre, sont tous engagés dans un processus de reconstruction, après des destructions de l’intime (divorce, viol, suicide, dépendance à la drogue), du matériel (perte de logement, d’un restaurant, dette) ou de l’immatériel (quête artistique, risque de perte d’une culture ancestrale).
Leurs histoires sont traitées à égalité dans la série, même si chaque spectateur aura bien entendu une préférence pour certaines d’entre elles.
Le rythme de la série est lent, ce qui ne surprendra outre-mesure pas les amateurs du travail de David Simon, et fait alterner séquences musicales dans des clubs de jazz ou en plein air lors de défilés/processions avec de longs silences. Refus de se précipiter, comme pour signifier que la reconstruction prend du temps. L’action, quand il y en a une, est présentée aux téléspectateurs sans qu’ils en connaissent les enjeux. Les intrigues (cinq ou six en parallèle) avancent à petits pas, au sein de séquences inhabituellement courtes (deux-trois minutes max) et qui se font suite sans transition.
La série tente de ce point de vue d’épouser le rythme de la vie, d’être au plus près de l’espace-temps des personnages. Mêmes scansions (un épisode sur le carnaval revient chaque saison comme il revient chaque année dans le calendrier des habitants, chaque saison débute par un micro-événement marquant de la vie néo-orléanaise : première second line après Katrina, un enfant apprend les premières notes de ‘When the Saint Go Marching In’ dans un cimetière, signe que les écoles ont rouvert et que la reconstruction de la ville est inséparable de la « reprise » des fondamentaux musicaux, rassemblement le soir de l’élection de de Barack Obama).
La dimension multitrack de la série (on voit de petits éléments de l’existence des gens ordinaires, sans structure narrative) adopte l’une des formes de la narration sérielle, qui tend à effacer les notions de début et de fin, et donne l’impression d’un flux continu dans lequel on est captivé pendant la durée de chaque épisode. Les passages d’un arc narratif à un autre sont très fluides et évoquent une construction musicale. En même temps, la brieveté des scènes fait que le spectateur est constamment tenu en éveil, baladé d’un point à l’autre de la ville et de la vie des personnages.
L’esthétique générale de la série relève en fait de ce qu’on pourrait appeler la fiction documentaire, ou tout simplement le réalisme. Les acteurs, pour l’essentiel, ne satisfont pas aux critères esthétiques hollywoodiens, parlent sans affectation, sont filmés en décors naturels et sans lumière artificielle. La musique est autant intradiégétique qu’extradiégétique, et elle est jouée par de vrais musiciens. Les personnages, sur lesquels les auteurs ne portent jamais un regard surplombant, sont présentés dans leur complexité, saisis au cœur de leur existence. C’est pourquoi la focale est souvent au raz des personnages : beaucoup de scènes sont tournées en gros plan, en intérieur, au milieu des foules de concerts ou de parades.
Bibliographie indicative sur La Nouvelle-Orléans et la série Treme :
ABRAHAMS, Roger D., Nick Spitzer, John F. Szwed, and Robert Farris Thompson. Blues for New Orleans: Mardi Gras and America’s Creole Soul, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2006.
GENDRIN, Dominique M., Catherine Dessinges, and Shearon Roberts. HBO’s Treme and Post-Katrina Catharsis. The Mediated Rebirth of New Orleans, Lanham, Lexington Books, 2017.
GODET, Aurélie. “‘Meet De Boys on the Battlefront’: Festive Parades and the Struggle for Public Space in New Orleans Post Katrina,” European Journal of American Studies 10: 3 (2015).
GODET, Aurélie. “Resilient City? The 2006 Mardi Gras Celebrations and What They Tell Us About New Orleans,” e-Rea 14: 1 (2016).
JOHNSON, Cedric (dir.), The Neoliberal Deluge: Hurricane Katrina, Late Capitalism, and the Remaking of New Orleans, Minneapolis, University of Minnesota Press, 2011.
MAYER, Vicki, The Almost Hollywood, Nearly New Orleans, Berkeley, University of California Press, 2017.
POWELL, Lawrence, The Accidental City, Boston, Harvard University Press, 2012.
SAKAKEENY, Matt, Roll With It: Brass Bands in the Streets of New Orleans, Durham: Duke University Press, 2013.