épisodes mai 2022
193 LA 4e DIMENSION avec Gwenthalyn Engélibert
194 INCORPORATED avec Sarah Sandré
195 THE GOOD WIFE avec Anais Goudmand
196 Moi Christiane F. avec Valérie Dubslaff
197 Séries Chiliennes sur le coup d'état de 1973 avec Antoine Faure
198 BLACK-ISH avec Laura Goudet
199 REBELLION avec Deborah Halifa
200 PAPA SCHULTZ avec Marjolaine Boutet
193 la 4e DIMENSION
avec Gwenthalyn Engélibert

Gwenthalyn ENGELIBERT
Gwenthalyn Engélibert, PRCE département LLCER anglais à l’Université de Bretagne Occidentale, membre de la SAES, de l’AFEA et de Stella Incognita. Autrice d’une thèse soutenue en 2018, intitulée « Les nouvelles de Richard Matheson (1950-1971) : un imaginaire américaine entre fantastique et science-fiction », qui s’intéresse au contexte d’écriture (transformations des magazines de l’imaginaire dans les années 50, peur du nucléaire, paranoïa et développement des banlieues), ainsi qu’aux caractéristiques génériques de Matheson et à son écriture du banal.
Résumé épisode 193
La 4e Dimension (1959-1964)
Présentation de la série :
– Série originale de 1959 à 1964 sur CBS, 5 saisons, 156 épisodes de 25 min (saisons 1-3, 5) à 51 min (saison 4).
– Nommée 4 fois aux Emmy, en a gagné 2 (écriture et programme), meilleur producteur/réalisateur aux Golden Globes 63
– Adaptations en téléfilms, 83 + revival 85, 2002 et 2019.
– Rod Serling, vétéran de la 2e guerre mondiale (blessé pendant la guerre, a commencé à écrire, Twilight Zone = terme militaire), entre à l’université grâce au Servicemen’s Readjustment Act (ou GI Bill of Rights) de 1944 (théâtre/audiovisuel, puis spécialisation littérature). Ecrit 92 des scénarios, s’entoure d’écrivains pour les autres (notamment Charles Beaumont et Richard Matheson). En moyenne 18 millions de téléspectateurs = énorme succès
Pitch :
– série d’anthologie (classique pour la SF à l’époque), par opposition aux feuilletons continus = épisodes indépendants les uns des autres, avec des acteurs différents à chaque fois.
– Personnages = gens ordinaires (souvent classe moyenne), confrontés à des événements extraordinaires. Début « classique », commentaire en voix off de Serling pour dire que quelque chose va se passer, événements, twist/chute
– série qui se fonde sur les expériences scientifiques de l’époque (par ex pilote sur expériences d’isolement des astronautes), la peur du nucléaire, la paranoïa, les droits civiques. Vision politique de Serling : “The writer's role is to menace the public's conscience. He must have a position, a point of view. He must see the arts as a vehicle of social criticism and he must focus on the issues of his time.”
1. Guerre froide
Expériences
– Episode Pilote « Where is Everybody ? » (1x01, 2/10/59) : un homme se réveille dans une ville déserte, amnésique, cherche autour de lui qui il peut être et ce qu’il fait dans cette ville. Au fil de l’épisode, il devient de plus en plus agité, au point de presque sombrer dans la folie. Twist = se réveille au milieu de scientifiques, il est en fait un pilote à qui on fait expérimenter les effets de l’isolement.
Voir :
https://timesmachine.nytimes.com/timesmachine/1959/04/10/83679598.pdf?pdf_redirect=true&ip=0
Article en avril 1959 qui parle des tests subis par les futurs astronautes : isolement, tests psychologiques, centrifugeuse etc. + photos
Description précise des tests : pour Isolation : « each man was confined in a dark, sound-proof room for three hours to determine his ability to adapt to unusual circumstances and to cope with the absence of external stimuli. »
+ “Studies of Isolation and Confinment” – George Ruff (psychiatre, NASA), Aeorspace Medicine, août 1959
https://spacemedicineassociation.org/download/history/history_files_1959/30001.pdf
→ épisode ancré dans les discussions et expériences sur la santé mentale des astronautes soumis à isolement.
Nucléaire (concerne 7 épisodes)
– « Third from the Sun » (1x14, 8/01/60) : à la veille de la chute d’une bombe atomique, deux familles se préparent à fuir la planète dans un vaisseau spatial expérimental. L’épisode est filmé avec beaucoup d’angles irréguliers, pas droits… => le twist est que la destination du vaisseau est la 3e planète après le soleil, c’est-à-dire la Terre où ils pourront se mêler aux humains parce que leurs langues se ressemblent
→ épisode adapté d’une nouvelle de Matheson publiée en 1950 (premier essai atomique russe 1949) : entre temps, Truman lance les essais/développements bombe à hydrogène. Essai raté 1er mars 1954 (opération « Castle ») : 2 marins japonais morts des suites des radiations, autres irradiés, puissance bombe sous-estimée. Serling membre de l’association Citizens for a Sane Nuclear Policy (plus tard SANE).
Paranoïa
– « The Monsters are Due on Maple Street » (1x22, 4/03/60) : probablement un des plus connus. Banlieue résidentielle blanche, classe moyenne. Après un éclair lumineux un soir, et le quartier plongé dans le noir, un adolescent suggère que le quartier a peut-être été envahi par des extra-terrestres qui leur ressemblent. Petit à petit, alors que les habitants commencent par rejeter l’idée, ils se retournent les uns contre les autres, jusqu’à lancer des cailloux sur l’un d’entre eux qu’ils pensent être l’extraterrestre (twist : des ET les observaient, c’était une expérience pour montrer que la destruction de la terre serait facile par auto-destruction paranoïaque). Voix off de Serling à la fin qui met en garde contre l’idée de trouver des ennemis parmi nous, des boucs émissaires…
The Monsters are Due on Maple Street :
"It isn't enough for a sole voice of reason to exist. In this time of uncertainty, we are so sure that villains lurk around every corner that we will create them ourselves if we can't find them — for while fear may keep us vigilant, it's also fear that tears us apart — a fear that sadly exists only too often — outside the Twilight Zone."
=> regarder les problèmes de l’intérieur plutôt que de chercher une cause externe.
2. Discriminations
Un scénario écrit par Serling avant la 4e Dimension sur Emmett Till avait été refusé tel quel par crainte des réactions avant d’être réécrit en enlevant les possibilités de reconnaître les événements. Déclaration de Serling : « Television, like its big sister, the motion picture, has been guilty of the sin of omission... Hungry for talent, desperate for the so-called 'new face,' constantly searching for a transfusion of new blood, it has overlooked a source of wondrous talent that resides under its nose. This is the Negro actor. »
Acteurs africains-américains
– « The Big Tall Wish » (1x27, 8/04/60) : un boxeur est sur le point de perdre, un jeune garçon parie sur lui et le boxeur gagne. Le boxeur ne croit pas que cela vienne de la magie de l’enfant et finit par perdre un prochain match. Episode où tous les acteurs principaux sont africains-américains, ce qui était rare, et ils ne jouent pas des rôles stéréotypés (+ anglais « normal » et pas rendu agrammatical comme c’était souvent le cas dans les rôles africains-américains).
Voir aussi : "I Am the Night—Color Me Black"
=> 4e Dimension a gagné le prix Unity Award for Outstanding Contributions to Better Race Relations en 1961.
Holocauste
– « Death’s Head Revisited » (3x09, 10/11/61) (contexte du procès Eichmann) : un ancien officier SS visite Dachau et rencontre un ancien déporté. L’officier se trouve confronté aux fantômes des anciens déportés qui font son procès. => toute la distribution est d’origine européenne et a souvent un lien avec l’holocauste. (La série est en prime-time). Mots de Serling à la fin, de conserver ces cimetières-monuments, de ne pas oublier sous peine de devenir des fossoyeurs.
"There is an answer to the doctor's question. All the Dachaus must remain standing. The Dachaus, the Belsens, the Buchenwalds, the Auschwitzes — all of them. They must remain standing because they are a monument to a moment in time when some men decided to turn the Earth into a graveyard. Into it they shoveled all of their reason, their logic, their knowledge, but worst of all, their conscience. And the moment we forget this, the moment we cease to be haunted by its remembrance, then we become the gravediggers. Something to dwell on and to remember, not only in the Twilight Zone but wherever men walk God's Earth."
Procès Eichmann également couvert dans NYT en 1961:
https://timesmachine.nytimes.com/timesmachine/1961/07/25/97241914.pdf?pdf_redirect=true&ip=0
https://timesmachine.nytimes.com/timesmachine/1961/06/21/101467059.pdf?pdf_redirect=true&ip=0
Traitement des femmes :
peu présentes dans la série, mais quand elles le sont, elles ne sont pas des femmes au foyer ou des mères comme dans les séries populaires des années 50. Dans une de ses premières apparitions à l’écran à la fin de l’épisode 1x20, Serling discute la possibilité de n’être pas la personne la mieux placée pour écrire des scénarios impliquant des femmes ; dans « The Invaders », 2x15, un épisode sans parole, une femme combat toute seule des envahisseurs dont elle parvient à se débarrasser, dans « Number Twelve Looks Just Like You » 5x17, alors que la société impose à tout le monde d’avoir recours à la chirurgie esthétique, une femme refuse d’y avoir recours – Charlie Brooker a déclaré que cet épisode était son inspiration pour « Fifteen Million Merits » de Black Mirror.
=> conclusion sur l’aspect politique de la série, même si pas toujours le cas, en lien avec les possibilités de la science-fiction sociale d’explorer/déformer les faits marquants d’une société en les « déguisant » plus ou moins fortement sous l’illusion de différence. Or, Serling régulièrement fait le lien dans ses petites morales finales avec l’ici et le maintenant, pour mettre en garde contre les discriminations, préjugés, la paranoïa etc.
Bibliographie sélective
Lawrence, Novotny. “Reflections of a Nation’s Angst Or: How I Learned to Stop Worrying and Love The Twilight Zone” (pp. 9-28), in Space and Time: Essays on Visions of History in Science Fiction and Fantasy Television. eds. David Wright and Allan W. Austin. New York: McFarland and Co., 2010.
Mathias, Jeffrey, « The Astronaut Alone » https://solitudes.qmul.ac.uk/blog/the-astronaut-alone/
Presnell, Don & McGee, Marty, A Critical History of Television's The Twilight Zone, 1959-1964, Jefferson NC : McFarland, 1998
Ruff, George, “Studies of Isolation and Confinment” in Aeorspace Medicine, août 1959
https://spacemedicineassociation.org/download/history/history_files_1959/30001.pdf
Schnebach Leah, « The Deep Social Justice Roots of The Twilight Zone »
https://www.tor.com/2019/03/28/the-deep-social-justice-roots-of-the-twilight-zone/
Zicree, Marc Scott (1982). The Twilight Zone Companion. First Edition, Bantam Books
194 INCORPORATED
avec Sarah Sandré

Sarah SANDRE
Sarah Sandré est historienne et juriste. Elle a soutenu le 3 février 2022 une thèse en histoire des sciences et des techniques contemporaines portant sur le sujet suivant : "L'innovation numérique en santé en France et en Angleterre : aspects juridiques, économiques et sociaux"(http://iris.ehess.fr/index.php?3954) à l'université Paris Sorbonne Nord (USPN).
En parallèle à ses recherche, Sarah Sandré exerce en tant que juriste à la direction de la recherche et de l'innovation du GHU Nord de l'AP-HP. Elle enseigne également depuis 4 ans le module "droit, éthique et responsabilité en santé numérique" à l'EPISEN, école d'ingénieurs spécialisée en santé de l'Université de Créteil.
Résumé épisode 194
INTRO : pitch : Incorporated est une dystopie. Nous sommes aux États-Unis en 2074. Il n’y a plus d’Etat et le monde fait face à une apocalypse climatique. Comme dans le film « rollerball », quelques multinationales dirigent le monde et ont repris les fonctions régaliennes de l’Etat tel le maintien de l’ordre.
Dans cette configuration, la société est divisée en deux parties : les salariés de ces multinationales (et leur famille) et les autres qui vivent dans un no man’s land et qui sont des citoyens de seconde zone.
Nous suivons le héros qui est un transfuge clandestin. Il rejoint la compagnie SPIGA sous une fausse identité afin de retrouver l’amour de sa vie. Sa trajectoire va bouleverser la vie d’autres personnages entre les deux pans de cette société dystopique.
Je précise également que cette série, produite par Matt Damon et Ben Affleck en 2017 et diffusée sur Soi Fy n’a durée qu’une saison, (10 épisodes).
Contexte
une série qui s’inscrit dans un contexte où l’offre de séries du même genre est foisonnant pour le téléspectateur :
the handsmaid tale
black mirror
transfert
trepalium
de même pour les films, « Arès », « le soleil vert », « rollerball »
Les codes de la dystopie sont ainsi connus par le téléspectateur et reprennent des peurs assez clichés mais qui permettent de rentrer facilement dans la série :
une catastrophe environnementale dont on ne connait pas les détails. on voit des flashbacks avec des mouvements de populations laissant penser à des réfugiés climatiques
un contraste entre les bureaux, les zones résidentielles (le côté très clean) et les rues, comme dans la série brésilienne 3% - la green zone
la violence du monde du travail et des inégalités sociales
Les dystopies d’entreprise : la fétichisation du droit et la représentation du corps
dans le cadre de ma thèse, j’ai utilisé la série incorporated, pour évoquer l’évolution du principe de la dignité de la personne humaine à l’épreuve de la santé numérique.
représentation du corps « une relation instrumentale au corps » (le breton): le corps et la maladie sont invisibles chez les cadres de la société spiga. Cela rejoint la lecture de david le breton sur le corps comme somme d’informations ou de véhicule.
le corps des salariés de la compagnie est sans arrêt scruté : scannages de conformité à l’entrée du bâtiment, alimentation (par exemple : le porno est remplacé par du porn food) = exemple de la clôture du closing dans l’épisode 5. Tout est concentré sur l’esprit.
à l’inverse le corps des autres (ils n’ont pas de nom, ce sont les habitant de la green zone) est contraint par la faim, la maladie, l’absence de soin, la violence
L’omniprésence du droit dans la série.
la mise en oeuvre de concepts juridiques - licenciement, disclosure agreement
« débordements d’inhumanité » (henri atlan)
des principes fondamentaux à géométrie variable renforcée par l’omniprésence du champ lexical contractuel dans la série : exemples
conclusion : bien qu’inégale, la série incorporated s’inscrit dans une tradition des représentations frictionnelles dystopiques en entreprise. L’abandon de l’Etat pourrait être mis en parallèle avec le contexte de création de la série (élection de Donald Trump ?).
L’intérêt de la série est son utilisation du droit notamment à l’lheure du bouleversement numérique : Il n’y a plus d’Etat ou d’entité régulatrice pour protéger tous les citoyens. Le droit et les principes fondamentaux qui le composent sont ainsi dévoyés par les entreprises. Tout est négocié, même sa propre dignité, sous forme de contrat complètement déséquilibré pour les salariés ou les habitants de la green zone.
Bibliographie
Muriel FABRE MAGNAN « la dignité en droit : un axiome », revue pluridisciplinaire d’études juridiques, 2007/1 (volume 58)
Bernard EDELMAN, Sade et le droit, LGDJ, Paris, 2014
David LE BRETON, Sociologie du corps, Paris, PUF, 2012
Henri ATLAN, « Connaissance et gloire de la « dignité humaine », Diogène, 2006/3, n°215
195 THE GOOD WIFE
avec Anaïs Goudmand

Anaïs Goudmand
Anaïs Goudmand est maîtresse de conférences à l’UFR de littérature française et comparée de Sorbonne Université et membre du CELLF 19-21.
Sa thèse, intitulée Récits en partage. Expériences de la sérialité narrative en culture médiatique, a été dirigée par Raphaël Baroni (Université de Lausanne) et Jean-Marie-Schaeffer (EHESS). Elle porte sur les différentes formes que revêt l’expérience des récits sériels, telles qu’elles sont modelées par les contraintes de production et de diffusion de la culture médiatique.
Trésorière de la LPCM (association des chercheurs en Littérature Populaire et Culture Médiatique), elle est co-administratrice du site WordPress du Réseau des narratologues francophones ainsi que des comptes Twitter et Facebook qui lui sont liés. Elle fait partie des membres fondateurs du Séminaire Littéraire des Armes de la Critique et co-organise le séminaire « Recherches contemporaines en narratologie » (CRAL, EHESS). Elle est secrétaire de rédaction de la revue de la LPCM, Belphéhgor – Littérature populaire et culture médiatique et membre du comité de lecture de la revue en ligne Proteus – Cahiers des théories de l’art.
Elle a organisé avec Raphaël Baroni le colloque « Avatars du chapitre en bande dessinée » qui s’est tenu à l’Université de Lausanne en 2017 dans le cadre du projet ANR « « Chapitres – Pratiques et poétiques du chapitre du 19e au 21e siècle : génétique, rhétorique de la lecture et transmédialité » » et elle a co-dirigé la publication de ses actes, parus en 2018 dans Les Cahiers de narratologie.
Résumé épisode 195
Présentation de la série
The Good Wife (2009-2016) est une série judiciaire créée par Michelle et Robert King et produite par CBS. Les créateur·rice·s s’inspirent d’une séquence médiatique devenue récurrente : les excuses présentées à télévision par les hommes politiques américains accusés d’inconduite sexuelle, tandis que leur épouse se tient stoïquement auprès d’eux.
Analyse de la scène d’ouverture
La série débute par une reconfiguration fictionnelle du discours de démission du gouverneur de New York Eliot Spitzer en 2008.
Une série « hyperréaliste » ?
Je m’intéresserai à l’insertion de la série dans l’espace médiatique et social, et plus précisément à l’inversion de l’effet de miroir entre l’actualité et la fiction : The Good Wife a souvent été qualifiée de « prémonitoire » dans la mesure où certains de ses épisodes semblent anticiper des événements de l’actualité.
La politique américaine vue par les élites WASP démocrates
Je reviendrai sur la représentation du milieu politique dans The Good Wife, et sur la manière dont sont traitées les questions de politique sociale : la série, conçue par ses créateur·rice·s comme une série progressiste, développe le point de vue de la bourgeoisie blanche démocrate, ce qui a pu engendrer un certain décalage par rapport aux problématiques qui émergeaient au moment de sa diffusion.
196 MOI, CHRISTIANE F.
avec Valérie Dubslaff

Valérie DUBSLAFF
Valérie Dubslaff, docteure en études germaniques et en histoire contemporaine, est maîtresse de conférences en histoire et civilisation du monde germanique à l’université Rennes 2/ERIMIT (EA 4327). Spécialiste de l’histoire du genre et de l’extrême droite allemande, elle a consacré une thèse de doctorat aux femmes du Parti national-démocrate d’Allemagne (Nationaldemokratische Partei Deutschlands, NPD).
Page personnelle : https://perso.univ-rennes2.fr/valerie.dubslaff
Publications :
"Deutschland ist auch Frauensache", NPD-Frauen im Kampf für Volk und Familie, 1964-2020, Berlin: De Gruyter Oldenburg, 2022
Avec Jasmin Nicklas et Maude Williams (dir.), Émotions, politique et médias aux XXe et XXIe siècles/Emotionen, Politik und Medien im 20. und 21. Jahrhundert, Perspectives franco-allemandes pour une histoire européenne des émotions/Ein deutsch-französischer Blick auf eine europäische Emotionsgeschichte, coll. Convergences, Vol. 103, Bruxelles, Peter Lang, 2022
Avec Anne-Laure Briatte, Hélène Camarade et Sibylle Goepper (dir.), "Ce que le genre fait aux Études germaniques", Allemagne d'Aujourd'hui, n° 237, 2021
Résumé épisode 196
« Moi Christiane F. », amazon prime, 2021
1. Intro et plot
= retour sur le livre (1978), le film (1981) et la série (2021).
2. Imaginaire inspiré des années 1970 : un espace-temps « somewhere in between »
= cadre spatio-temporel ancré dans les années 1970 : les effets de réel, musique, mode, modes de vie, loisirs
= éléments et repères historiques : la guerre froide et le nazisme
3. Environnement urbain, social et familial : la fabrique des toxicomanes
= Berlin festif et destroy, le temple de la drogue
= La gare du Zoo entre transit et immobilisme
= Gropiusstadt : pensée comme quartier-modèle, vécue comme quartier-repoussoir
= La famille brisée et éclatée : le conflit générationnel
4. Arrangements de genre : La bande d’amis, un Ersatz pour le manque
= L’amitié et l’amour, valeur-refuge (relation entre les personnages, configurations de genre)
= La corporéité (corps juvéniles, corps détruits par la drogue)
= La prostitution (sexualité et marchandisation des corps)
5. Les drogues et leurs représentations dans la série
= De la drogue festive et libératrice à la drogue destructrice et aliénante
= Quelle issue, quelle échappatoire, quel « happy end » pour les personnages ?
6. Que reste-t-il de « Christiane F. » ?
197 Séries chiliennes sur le coup d'état de 1973
avec Antoine Faure

Antoine FAURE
Antoine Faure est professeur assistant de l'École de Journalisme de l'Université de Santiago du Chili. Docteur en Science politique de Sciences Po Grenoble, ses recherches abordent la chronopolitique, les temporalités journalistiques et les séries télévisées. Plusieurs publications viennen nourrir cette dernière ligne de recherche: "Un futur noir sans futur. Politique de la dystopie et politique du temps dans deux épisodes de Black Mirror" (avec Macarena Urzúa, 2021); "La mise en abyme de l’Histoire dans The Hour (2011-2012). L’épopée du journalisme télévisé comme garantie de vraisemblance" (avec Claudio Lagos-Olivero, 2020); "Baron Noir : de l’urgence en politique" (2020); "La mémoire chilienne au format de la fiction télévisée. Vraisemblance, réalisme et mélodrame dans Los Archivos del Cardenal" (2020); "Historia de una lista. Memoria, Flashbacks y Temporalidad en Ecos del Desierto (Chilevisión, 2013)" (2019); "The Dystopia of the Spectator: Past Revival as « Pause Gesture » and Acceleration of Time in Black Mirror (Episodes 3 and 4)" (avec Macarena Urzúa, 2018); "L’Histoire à l’épreuve des séries" (numéro coordonné avec Emmanuel Taïeb, 2020); "Les esthétiques narratives : l’autre réel des séries" (avec Emmanuel Taïeb, 2015); "Temporalité de la politique alternative dans les séries" (avec Emmanuel Taïeb, 2020). Il fait partie du Comité de rédaction de la revue Saison! La revue des séries.
Résumé épisode 197
Cette émission aborde le travail mémoriel en séries et les représentations du régime autoritaire de Pinochet dans les séries chiliennes: Los 80 (Canal 13, 2008), Los Archivos del Cardenal (TVN, 2011), Ecos del Desierto (Chilevisión, 2013).
Le chemin de fer pourrait être le suivant:
- Le contexte de production et diffusion (peu avant 2013, pour les 40 ans du coup d'État).
- Les épisodes événements et processus représentés
- L'articulation des temps historiques dans les trois fictions
- Les messages mémoriels qui sont construits
- La réception différentiel, les appropriations et resignifications, particulièrement selon les générations de spectateurs (je m'appuierai sur les travaux de différents collègues) et plus généralement les usages faits des séries dans le débat public chilien.
198 BLACK-ISH
avec Laura Goudet

Laura GOUDET
Après des études d’anglais à la Sorbonne, une année en Ecosse et deux ans d’enseignement aux États-Unis, Laura Goudet est maîtresse de conférences en linguistique anglaise à l’Université de Rouen depuis 2015. Elle est spécialiste d’analyse de discours en culture numérique. Ses travaux de thèse qui ont porté entre autres sur la communication en ligne et les mèmes internet l’ont ensuite poussée vers l’étude de jeux vidéo et de séries télé. En plus de conférences professionnelles et universitaires, pendant sa thèse, elle a participé à de nombreux débats et donné des conférences pour le Stunfest (festival de jeux vidéo, Rennes, 2015-2021), a participé à des formations à la DRAC sur les représentations des minorités dans le jeu (février 2021). Elle est également consultante sur les questions d’intégration des minorités dans les campagnes de publicité (sujet à NDA) depuis septembre 2020.
Elle est l’auteur de nombreux articles scientifiques ou parus dans la presse (Immersion#6, 2021) et a également coédité des numéros de revues scientifiques, comme les Cahiers de Narratologie sur les liens entre narration et jeu vidéo (#38, 2020), ou Aberrations Numériques, un projet en partenariat avec l’Observatoire des Mondes du Numérique et le Stunfest (mai 2021).
Résumé épisode 198
courte présentation de Black.ish
(et de son créateur principal, K. Barris)
1) Être Noir.e dans cette série
- questions de postures, d'identité : comment se définir, (I'm gonna need my family to be Black. Not Blackish, but Black" dès le premier épisode)
-Une famille noire aisée, qui doit naviguer entre des stéréotypes divers (Dre, le père, vient de Compton, et connaît donc la vie difficile, les meurtres dans la rue, etc.) et se faire une place dans un quartier, une entreprise, un environnement qui les renvoie sans cesse au fait d'être noir.e.s.
2) Sitcom éducative
Mélange de formats : petites vignettes éducatives au début des épisodes + semi-feuilletonnant de la série familiale noire --qui puise dans beaucoup d'inspirations (Cosby Show, mais aussi Ma famille d'abord, etc. avec une pointe de Dear White People) = apport des questions frontalement abordées d'appartenance, de société en général--qui se sont même étendues dans Mixed.ish (spin off sur Bow, la mère, et sa famille où son père était blanc et sa mère, noire, et qui traite d'une Amérique des années 80, fortement inspirée par l'ex-femme de Barris) et, dans une moindre mesure, dans Grown.ish, le spin-off où l'on suit la fille ainée de la famille dans sa vie à la fac.
- des moments où il faut avoir "the talk" (dire aux enfants innocents que le fait d'être noir.e va leur rendre la vie difficile)
3) Critiques et problèmes
On y aborde des questions comme le fait de dire N--- en public (l'un des fils de la famille se fait renvoyer de son école à cause de ça, S02 E01) ; les violences policières et comment y répondre--ou pas ; le fait d'être des Oncle Tom (des vendus aux causes des Blancs--c'est aussi une conséquence du fait de devoir délimiter son identité par rapport aux Blanc.he.s, ce qui crée des situations inextricables : par exemple, par peur, un collègue de Dre laisse une petite fille blanche et perdue dans un ascenseur, toute seule, sans lui venir en aide, parce qu'il est Noir) ; les blackfaces (une voisine se déguise en Beyonce sans comprendre ce que cela impliquait)--si on regarde l'épisode Teddy Perkins d'Atlanta, on peut voir une critique bien différente.
Autres critiques : le format de la série ne permet évidemment pas de traiter toutes les questions ethnoraciales + le fait que Barris parle beaucoup de sa vie personnelle : cette série est parfois taxée de perpétuer des stéréotypes et de parodier--au moins dans les premières saisons, puisqu'on navigue ensuite dans des questions plus intimes aussi (le divorce de Barris est un peu reflété dans la série, le post-partum de Bow après la naissance de son fils Devante...).
199 REBELLION
avec Deborah Halifa

Deborah Halifa
Actuellement en troisième année de doctorat à l’Institut d’Histoire de la Philosophie à l’Université d’Aix-Marseille et guide-conférencière bilingue à la maison d’exil de Victor Hugo, Hauteville House, sur l’île anglo-normande de Guernesey. J’ai été diplômée d’un master Aire Culturelle du Monde Anglophone en 2018 lors duquel j’ai écrit un travail encadré de recherche sur la représentation des femmes dans l’historiographie de la Pâques Sanglante de 1916, et un mémoire final sur l’évolution de la représentation biographique de Constance Markievicz, une nationaliste et femme politique irlandaise. Ma thèse, elle, se concentre sur la concrétisation d’un nouveau cadre théorique et pratique de recherche biographique féminin et féministe.
résumé épisode 199
Rebellion est une mini-série créée par Colin Teevan sortie sur les petits écrans sur la chaîne RTE One, une chaîne de télévision irlandaise. Elle est divisée en deux saisons de cinq épisodes chacune mais je vais me concentrer sur la première qui est à propos de ce que l’on peut considérer comme la naissance de la République d’Irlande. La série est une adaptation télévisée des événements de la semaine des Pâques sanglantes de 1916, à Dublin. J’ai choisi de discuter de cette série parce que l’histoire irlandaise est déjà en soit fascinante, mais plus particulièrement parce que la période révolutionnaire irlandaise est on ne peut plus intéressante d’un cadre genré vu que beaucoup de femmes ont participé à cette révolte. La série est racontée d’après les points de vue des trois personnages féminins principaux : Elizabeth Bulter, jouée Charly Murphy, Frances O’Flaherty, jouée par Ruth Bradley, et May Lacy, jouée par Sarah Greene ; ces trois personnages sont fictionnels mais tout au long des cinq épisodes on peut voir des noms célèbres de cette rébellion comme James Connolly ou encore Constance Markievicz.
Quelle est l’importance du soulèvement de Pacques pour l’histoire et société irlandaises ? Brièvement raconté, les événements ont pris place bien avant 1916 et depuis que l’Angleterre décida d’occuper le pays il y a plusieurs siècles, l’Irlande a essayé encore et encore de se révolter, mais c’est au début du XXe siècle qu’il y eut une recrudescence de rancœur de la part des nationalistes irlandais. De nombreux groupes nationalistes ont été fondés plusieurs années avant 1916 à des fins initialement socialistes mais qui ont été au centre de la révolte, des groupes comme Irish Citizen Army (l’Armée citoyenne irlandaise), na Fianna Éireann (Les soldats irlandais) ou Cumann na mBan (Le conseil des femmes).
Ces groupes ont déclenché un enchaînement d’incidents en occupant des bâtiments clés de Dublin comme le quartier de St Stephen’s Green, la mairie, ou encore le bureau général de la poste appelé GPO pour General Post Office. C’est au GPO que tous ces événements ont commencé le 24 avril 1916 où Patrick Pearse, commandant en chef au GPO, a lu la Proclamation of the Irish Republic qui était adressé aux hommes et femmes—une première pour l’histoire irlandaise car cette proclamation était censée placer les hommes et femmes sur un pied d’égalité dans une vision très utopique de l’Irlande. Plusieurs jours après cette première lecture publique les rebelles ont été grandement surpassés et vaincus. Cette semaine se termina par l’exécution des 16 leaders et l’arrestation de centaines de participants puis par la déportation dans des prisons écossaises ou anglaises pour la plupart d’entre eux. Parmi ces rebelles, autour de 300 femmes participèrent aux Pâques sanglantes mais il fallut plusieurs décennies pour cela soit un fait reconnu, accepté et inclu dans l’histoire du pays. Cette inclusion débuta concrètement à partir des années 1960 et 70 grâce à la deuxième génération d’universitaires féministes. Avant cela, autre que des femmes comme Constance Markievicz, Hanna Sheehy Skeffington ou encore Margaret Skinnider, les femmes étaient simplement reléguées à l’ombre de l’Histoire et de la société.
D’où le moment crucial de sortie de la série, en effet, 2016 fut l’année du centenaire de la révolte de Pâques et que l’accent soit mis sur la participation des femmes d’un événement aussi important de l’Histoire est significatif de l’évolution de l’inclusion des femmes dans cette période historique particulière. Cela a aussi un effet spécifique sur le processus d’identification cognitif féminin que de voir des « modèles » féminins révolutionnaires à la télévision.
La série a été critiquée comme étant trop adoucie et trop romancée, mais ce n’est pas ce dont je souhaite discuter. Pour moi, la série représente très bien l’histoire d’un point de vue genré mettant en avant la vie des femmes à cette époque, et je pense que le fait que les femmes soient au centre de cette adaptation est positif à la cognition et assimilation féminine. L’historienne Sinead McCoole écrivit que de faire partie des groupes nationalistes et de participer à la révolte furent comme des déviances par rapport au rôle de la femme à l’époque et vues comme incompatibles avec leur rôle de mère de famille, épouses et amoureuses. Nous pouvons donc comprendre le degré d’impact de voir des femmes participant courageusement au Easter Rising à la télévision nationale.
D’un premier coup d’œil, les personnages ne sont pas particulièrement extraordinaires. Le premier épisode s’ouvre sur Elizabeth, Frances et May qui dansent et chantent Three Little Maids from School are We et sont sur le point de commencer leur vie active quand l’alarme de déclaration de guerre de 1914 retentie signifiant que l’Irlande, en tant que membre du Royaume Uni, doit y participer pour aider les troupes. Après un saut temporelle on se retrouve en 1916, avant la révolte, et on y retrouve Elizabeth qui étudie la médecine et qui participe secrètement à des activité socialistes et nationalistes ; Frances, elle, milite ouvertement contre la conscription irlandaise et prend part à l’école de Patrick Pearse, la Irish Language Scool, où ils enseignaient aux jeunes garçons à parler irlandais, certes, mais aussi à se battre et utiliser des armes à feu ; May, de son côté, est secrétaire au château de Dublin et vit une liaison avec son employeur.
Je voudrais aborder ce sujet sensible au travers de la représentation des femmes via les trois personnages principaux, mais aussi de la notion et de l’importance de l’amitié entre femmes, et de la grossesse en dehors du mariage. Je vais tout d’abord commencer par la représentation des femmes du Rising du point de vue de la série. Je parlerai d’Elizabeth et Frances, leur histoire et leur pertinence vis-à-vis de la révolte d’une perspective historique contemporaine et féministe.
Je vais me concentrer tout d’abord sur le personnage d’Elizabeth. Comme je l’ai dit elle étudie la médecine, elle vient d’une famille aisée et participe secrètement à des rassemblement socialistes et nationalistes. Son compagnon, en étant en permission à Dublin des suites d’une blessure au front, va la voir et la demande en mariage, une demande qu’elle accepte et tout le mariage doit être vite organisé avant qu’il ne reparte. Son fiancé défend le Royaume Uni et le Home Rule avec ferveur et on peut le voir chantant de tout cœur l’hymne britannique pendant que Elizabeth, elle, ne chante presque pas et est clairement mal à l’aise. Une partie de son histoire se concentre également sur le fait qu’elle entretient une relation ambiguë avec Jimmy Mahon, un nationaliste qui habite dans les quartiers pauvres de la capitale et travaille avec James Connolly. Mis à part cela, elle participe aux préparations de révolte qui se tiennent au College of Surgeons aux côtés de Dr Kathleen Lynn et Constance Markievicz, qui ont toutes les deux bien existés et ont participé au Rising. On peut ressentir pendant les deux premiers épisodes les conflits internes d’Elizabeth face à son mariage et sa famille pour finir par choisir son pays. Elle va même jusqu’à accuser son propre père de voler l’argents aux pauvres dublinois.
A ce sujet, elle me rappelle beaucoup Markievicz que j’ai mentionné plusieurs fois maintenant et qui venait également d’une famille anglo-irlandaise bourgeoise et avec un père qui travaillait du côté des propriétaires anglais. Similairement à Elizabeth dans Rebellion, Markievicz ressentait également le besoin d’aider les gens et de sauver son pays des envahisseurs anglais. Toutefois, contrairement à Constance Markievicz qui s’est bien mariée, Elizabeth, elle, ne va pas jusqu’au bout et s’enfuit de la calèche à la fin du premier épisode pour se changer et joindre la rébellion. Durant cette scène on voit une femme vêtue d’une longue robe et d’un long manteau bleu qui fait partie des rebelles en uniformes qui tirent sur les Anglais de tous les côtés, une femme qui semble quelques fois regretter sa décision mais qui finit par en être fière. Il y a une scène qui me plait beaucoup et qui montre cette fierté. Ce n’est pas une scène particulièrement marquante sur toute la série mais que j’ai beaucoup apprécié. Nous nous trouvons à la prison de Kilmainham, après la révolte, et Georges, l’avocat qui s’occupe du cas d’Elizabeth et aussi le meilleur ami du frère de cette dernière, lui dit : « Je ferai mon possible. Je demanderai la clémence de la cour. Dites que vous avez été fourvoyée par ce type, ce Mahon. Qu’il vous ait influencé. » à quoi Elizabeth répond :
Pourquoi les hommes pensent toujours que dès qu’une femme s’engage, c’est parce qu’elle est amoureuse d’un homme ? Ou qu’elle a été fourvoyée par cet homme ?
Désolé, je voulais seulement vous aider.
Je sais ce que vous faites. Ce que tout homme fait à toute femme. Mais je sais me faire ma propre opinion, Georges.
Ce n’est pas une scène qui parait importante aux yeux de toute l’histoire qui est contée, elle se déroule dans la prison où Lizzy est détenue, elle est sale et pleure. Mais le fait qu’elle garde la tête haute au travers de cette épreuve et de cette conversation montre qu’une femme qui pleure n’est pas équivalent à une femme faible mais équivaut bien à de la force de caractère. D’une certaine manière, cette scène et la représentation du personnage de Lizzy sont des bons moyens de mettre en scène le fait que les femmes qui ont participé à la révolte n’ont pas été fourvoyées ou influencées, elles savaient se faire leur propre opinion et ont choisi de participer comme elles le pouvaient.
Je vais maintenant discuter un peu du personnage de Frances. Elle fait partie du mouvement nationaliste et milite publiquement contre la conscription irlandaise, elle est de ce fait la plus convaincue des trois femmes. Elle observe Patrick Pearse avec admiration mais réalise dans le deuxième épisode que celui-ci n’est pas le héros qu’elle pensait quand, basés au GPO, il lui dit que tous les membres de Cumman na mBan doivent se rendre dans les cuisines ou les pièces médicales, c’est-à-dire que les hommes se battent et les femmes sont à la cuisine ou s’occupent des blessés, ce qui, comme nous le savons, sont les rôles qui étaient relégués aux femmes pendant des décennies et encore plus durant les périodes de guerres. Elle dit à Pearse : « h » Pour ensuite s’exclamer : « j » Ce qui bien sûr nous renvoie à la Proclamation qu’il a lui-même lu. Frances n'en est pas pour autant découragée et ne se laisse pas abandonner aux normes sociétales de genres de l’époque qui lui sont assignés par son supérieur : elle continue à aider les rebelles irlandais en faisant passer des informations. Elle fait cela en jouant avec son image dans le troisième épisode, c’est-à-dire qu’elle se débarrasse de ce qui est considéré comme une tenue masculine—son uniforme de combat—pour revêtir une tenue plus « féminine » et qui lui permettra de passer au travers des barricades anglaises. Et c’est un très bon plan car les soldats anglais ne la suspectent pas longtemps quand un soldat, le fiancé d’Elizabeth, explique qu’ils sont là pour protéger les civils et plus particulièrement les femmes et les enfants. Ce qui est ironique si l’on prend en compte que Frances est capable d’utiliser l’arme qu’elle a caché dans son panier.
Le fait de dissimuler son identité de rebelle pour passer incognito auprès des soldats anglais me rappelle une autre femme qui a réellement participer au soulèvement de 1916 : Margaret Skinnider qui est connu, entre autres, pour avoir changé de tenue masculine à féminine pour se faufiler dans les rues pendant la semaine de Pâques.
Ce qui est intéressant à propos de ce personnage fictif est qu’au début de la série, elle idéalise beaucoup Patrick Pearse et l’on pourrait même penser qu’elle est amoureuse de lui, un amour très déplacé, certes, mais l’on se rend compte durant un dialogue entre elle et May que ce n’était pas exactement ça. Ce que Frances dit à son amie décrit très bien son personnage parce qu’elle lui raconte que pendant des années elle a participé à des clubs et des sociétés secrètes dans lesquelles les hommes parlaient de liberté en lui disant à elle ce que c’était mais elle ne l’avait jamais vraiment compris ou connu avant la semaine de rébellion. Elle dit à son amie : « h ». Elle embrasse ensuite May, mais nous ne savons pas exactement si cela est par amour, amitié ou juste le trop plein d’émotion de son propre monologue.
May est vers qui je veux me tourner maintenant. On commence la série en la voyant vivre avec Frances et sa tante et travailler en tant que secrétaire au château de Dublin. On apprend ensuite qu’elle vit une liaison avec son employeur marié et anglais. Le fait qu’il soit anglais semble alors presque pire que le fait qu’il soit marié étant donnée la période. Je vais me servir du personnage de May et de son développement dans la série, non pas pour parler de sa féminité ou bien de son rôle plus ou moins absent dans la rébellion, mais pour aborder le sujet de la représentation de la grossesse en dehors du mariage en Irlande et, par la même occasion, des amitiés entre femmes.
Ce dernier élément est quelque chose qui revient souvent dans mes études du fait que dans les études biographiques féministes, dont je fais partie, les amitiés entre femmes sont parmi les éléments le plus importants pour comprendre la vie de ces femmes et les relations qu’elle entretenaient. Dans Rebellion, May semble être la colle inconsciente qui relie Frances et Elizabeth car ces deux ne conversent pas que cela soit avant, pendant ou après les événements de la Pâques sanglante. Cependant, comme je l’ai dit, May habite avec Frances, elles parlent, se disputent, et May visite aussi Elizabeth. Au travers de son histoire dans la série, on peut voir qu’elle est entourée de femmes qui l’aident, en grande partie.
Une revue du journal irlandais The Irish Times, qui a décrit Frances comme dérangée, a décrit l’intrigue de l’histoire de May comme plate et sans originalité, ce qui est pour moi une description très superficielle du personnage et de ce qu’elle vit. Son histoire est peut-être plate au premier coup d’œil mais son intrigue ne l’est pas—en effet, plusieurs obstacles se dressent sur son chemin comme espionner le gouvernement anglais pour Frances, et donc risquer la prison, avoir une liaison avec un homme marié mais ne sachant pas ou cela la mènera, et enfin, tomber enceinte de cet homme. Je parlerais de ce dernier point dans quelques minutes, mais je voudrais d’abord mettre en avant l’importance de l’amitié féminine dans son histoire. La manière avec laquelle Frances et Elizabeth parle à May et offrent leur aide à May ne la réduit pas à moins que ce qu’elle est et ne l’infantilise pas, elles restent leur amie et Frances, en offrant son aide, est prête à tout. C’est aussi le cas d’Elizabeth quand May apprend qu’elle est enceinte, son amie lui propose de l’aider financièrement. Ces amitiés entre femmes, en étant montrées dans un tel contexte nous démontre que les femmes ne sont pas à visualiser dans un moule de regard masculin.
Ce regard masculin, ou male-gaze, est une théorie qui est revenue assez souvent ces dernières années. La notion a été présentée par Laura Mulvey dans son livre Visual and Other Pleasures, publié en 1989, dans lequel elle expliqua que le sujet féminin des médias a été et est créée par et pour les hommes. Ce faisant, la vision des femmes qui a été présentée via de nombreuses manières audiovisuelles a été, pour la plupart, irréaliste et superficielle. Le regard masculin a également été présent dans le cadre historiographique du monde occidental comme les récits de la période révolutionnaire irlandaise. Les femmes qui participèrent à cette période et qui furent inclues dans les commémorations au fil des ans furent représentées comme étant extraordinaires ou, dans certain cas, dépourvues de féminité, ce qui était, bien entendu, censé souligner la dimension exceptionnelle de ces femmes.
L’inclusion de ces femmes dans l’historiographie irlandaise est maintenant pour ainsi dire célébréee, cependant ce n’a pas toujours été ainsi et les historiennes irlandaises y ont taché depuis les années 1970 et 1980. Dans l’ouvrage dirigé par Oona Frawley, Women and the Decade of Commemorations, la chercheuse Mary McAuliffe a écrit un chapitre à propos des femmes de 1916 qu’elle a intitulé « Remembered for Being Forgotten », qui se traduit par « Être souvenues pour avoir été oubliées », ce qui est très pertinent à ce sujet. Elle a elle-même expliqué que l’inclusion des femmes dans l’historiographie révolutionnaire fut un processus de réécriture, récupération et répétition et ce par les historiennes et chercheuses qui sont majoritairement ignorées par le grand public.1 McAuliffe met en avant le regard masculin sur lequel est fondée l’Histoire mais aussi les médias car elle questionne le fait qu’après plusieurs décennies de recherches sur les rôles des femmes lors de la période révolutionnaire irlandaise le récit prédominant masculin demeure justement cela, dominant.2
La chercheuse mentionne même le fait que le réalisateur de Rebellion n’avait aucune idée qu’autant de femmes avaient participé au Rising de 1916. Le fait qu’il les ai mis à l’écran en plus de montrer des amitiés féminines relativement saines et normales met à l’écart le fait qu’encore de nos jours les amitiés féminines sont très mal représentés dans les médias. Les liens d’amitié entre May, Lizzie et Frances dans un contexte de Pâques sanglantes est, pour moi particulièrement bien trouvé pour la représentation des amitiés féminines et des femmes de l’Easter Rising.
Qui plus est lorsqu’on prend en compte la représentation des femmes tombant enceintes en dehors du mariage via l’histoire de May. C’est exactement le dernier point que je voudrais aborder. Le sujet de la grossesse en dehors du mariage a toujours un sujet très particulier et tabou en Irlande du fait de la répression de la sexualité par l’église catholique irlandaise ce qui a rendu le sexe et tout ce qui entoure le sujet comme étant un péché. Ce à un tel point que pendant des siècles les femmes qui tombaient enceintes en dehors du mariage, que cela soit des femmes célibataires ou encore des prostitués, devenaient ce que l’état appela des fallen women, des femmes tombées. Afin de contrôler ces femmes et de les tenir à l’écart du regard public, l’église catholique irlandaise a fondé les Magdalen Asylums et Laundries (comme les laveries mais à ce moment-là mises en marche et actionnées par ces femmes et ce pour très peu voir aucun salaire). Leur travail était éprouvant, quelques fois violents de la part des bonnes sœurs, et lorsque ces femmes accouchaient leurs bébés leur été retirés et été placé pour adoption, généralement aux Etats-Unis. Cet état d’esprit a été encore plus cultivé après la fondation de l’état libre irlandais en 1922. Cependant, afin d’éviter la honte pour elle et leur famille, que cela soit avant ou après 1922, certaines de ces femmes commirent des infanticides, ce qui fut également un gros problème en Irlande si l’on considère que de 1850 aux années 1900, plus de 4600 cas d’infanticides, tentatives d’infanticides et dissimulation d’accouchement ont été reportés. Il y a bien sûr une corrélation entre la honte, le contrôle du corps des femmes, l’illégitimité, les infanticides et le péché. On voit ceci avec, par exemple, un article datant de 1856 du journal Tralee Chronicle and Killarney Echo où les bébés qui sont nés à l’asyle du comté de Kerry sont décrit comme les enfants du péché/la progéniture du péché.
La professeure Maria Luddy a estimé qu’entre 1923 et les années 1970, donc relativement récemment, il y eu autour de 1900 naissance illégitime par an. Elle nota très clairement, que en 1928, les mères célibataires étaient des problèmes politiques et sociaux.3 Il y à ce propos un livre fascinant écrit par Diarmaid Ferriter intitulé Occasions of Sin: Sex & Society in Modern Ireland dans lequel il a analysé les archives irlandaises et l’historiographie afin d’établir une histoire du sexe et de la sexualité dans le pays, de 1845 à 2005. Il écrivit : « A history of sexuality raises the questions not just of religion and morality but also about public health, the attitude of the medical profession to reproduction, the operation of the criminal law system, the application of legislation, the age of consent, demographics, living standards and conditions, education, the role of the family and patriotism, and ultimately the uses and abuse of power ».4
En gardant ce contexte très spécifique à l’esprit, on peut commencer à comprendre la situation très épineuse dans laquelle se retrouve May : en pleine période de rébellion elle se retrouve enceinte en tant que femme célibataire ayant une liaison avec un homme anglais marié. L’acte même d’avorter était hors de question et un délit criminel à cette époque comme il était décrété dans le livre des lois irlandaises depuis 1861—il l’est d’ailleurs encore de nos jours dans la section « Attempt to procure Abortion » aux paragraphes 58 et 59, alors que l’avortement a été enfin légalisé en 2018. De ce fait, même si May décidait de garder l’enfant, elle deviendrait une de ces femmes déchus dont l’Irlande avait tellement honte. Lors de sa conversation avec Lizzie où cette dernière lui demande, vu qu’elle ne pourra pas retourner à son travail au château, si elle rentrera chez elle, c’est-à-dire chez ses parents, ce à quoi May répond : « Et faire honte à mon père ? On n’est pas compréhensif envers les femmes déchues à Dublin alors encore moins dans une petite ville à Cork ». Et cela nous montre exactement ce que nous avons besoin de savoir sur le statut de ces femmes dans tout le pays à cette époque, et qui le restera des années durant. D’ailleurs, May sera, un peu plus tard dans les épisodes, insultée de prostitué par la femme de son employeur avec qui elle sera obligé de rester et qui est, compréhensiblement énervée mais dit avoir l’habitude que son mari ait des liaisons extra-conjugales. Elle précise toutefois à May que c’est la première à avoir essayer un tel « piège » de se rendre enceinte qui est dit en anglais « getting yourself pregnant ». Ce qui pousse entièrement le rôle principal du mari hors de l’image et rejette entièrement la faute sur la femme. Cela était aussi souvent le cas dans les affaires de mères célibataires et d’infanticides où le rôle du présumé père n’était ni questionné, ni remis en question.
Que cela soit volontaire ou non, en incluant cette intrigue, Rebellion met en avant les épreuves qu’éprouvaient certaines mères célibataires tout en offrant une autre vision de que d’autres femmes que des combattantes ou infirmières ont fait lors de la semaine de la rébellion.
L’histoire de Frances est aussi intéressante de ce point de vue de représentation des femmes irlandaises. Elle mentionne dans une scène être une « orpheline batarde » c’est-à-dire une enfant illégitime. Sa tante lui dit précisément qu’elle a eu de la chance pour une enfant illégitime et cela nous montre que la honte et le déshonneur qui étaient rattachés aux mères célibataires restaient avec leurs enfants quand ces enfants survivaient. La tante finit par lui conseiller, voir lui ordonner, d’arrêter ses activités en tant que rebelle parce que, similairement à sa mère, il y a eu sorte de fureur dans son sang et que, comme sa mère, Frances aurait de mauvaises fréquentations et pour remédier à cela elle lui aurait trouver un emploi en tant que femme de ménage chez un homme veuf qui serait plus en mesure de se charger d’elle et de l’aider à se débarrasser de « ces notions ». Dans un contexte de contrôle des femmes et de leurs corps on peut relever ici : la notion de fureur en lien avec la folie et l’hystérie dont on sait a une longue histoire reliée aux femmes ; avoir des mauvaises fréquentations nationaliste et un homme pour se charger au mieux d’elles ont un point commun : l’influences des hommes. En effet, dans un cadre de déconstruction androcentrique nous avons là une corrélation directe entre la honte, l’influence et l’innocence. Durant des siècles, la société irlandaise a représenté « la femme irlandaise » comme une créature pure, idéale et nourricière, et quand cette créature n'était pas déshonorée, blâmée ou encore mise à l’écart, elle était dite avoir été influencée parce que son esprit était faible et ne pouvait être sauver que par la religion et les hommes. Ironie du sort : la mauvaise influence serait venue des hommes et la bonne influence également des hommes. Cela n’était bien sûr pas uniquement le cas en Irlande, toutefois ces éléments étaient consolidés par l’Etat et l’Eglise qui partageait le pouvoir dans le pays. Diarmaid Ferriter cita d’ailleurs le fondateur du partie politique Sinn Fein, qui décrivit les Irlandaises en tant que les créatures les plus vertueuses au monde et déclara que le gouvernement a très bien garder les charmantes irlandaises charmantes.5 La notion que les femmes doivent être vertueuses et pures afin d’être respectées par les hommes, et donc par la société, est très révélatrice quant à la vision par laquelle les femmes ont été opprimées pendant des siècles.
En fin de compte, les trois points que j’ai abordés : la représentation des participantes par le biais des personnages de Lizzie, Frances et May, leur amitié et la question de la grossesse en dehors du mariage, sont tous trois finement reliés à l’inclusion des femmes dans l’historiographie de l’époque révolutionnaire irlandaise et dans les conceptions médias. Je pensais initialement qu’il serait compliqué pour moi de relier les thèmes que j’ai choisis tout en essayant de ne pas donner une leçon d’histoire ou de féminisme, ce que j’ai finalement fait, pas entièrement volontairement, mais qui était inévitable. En effet, en analysant ces éléments via un objectif historique et féministe, on peut se rendre compte de la dimension transgressive qui est omniprésente que cela soit dans la vision des femmes dans la révolte, des femmes à la télévision, de la représentation de leurs relations et amitiés, et même dans la représentation des femmes irlandaises en général en se penchant sur la société, l’identité, les traditions et la sexualité.
Dans Women and the Decade of Commemorations, Laura McAtackney écrivit à propos des femmes de 1916 qu’elles n’étaient pas inconnues mais que beaucoup étaient des femmes ordinaires et probablement humiliées et ostracisées à cause de leurs rôles transgressifs dans le conflit.6 Elle insista sur l’aspect transgressif des femmes ayant participé à la rébellion, et, selon moi, ça démontre que cette participation allait à l’encontre de la place physique et métaphorique qui leur était donnée dans la société à cette époque, en tant que femme et en tant que citoyennes irlandaises. Voilà pourquoi la saison une de la série Rebellion dépeint, volontairement ou pas, les risques que les Irlandaises étaient capables de prendre pour défendre leur pays et pour elles-mêmes.
1 Mary McAuliffe in Oona Frawley, éd., Women and The Decade of Commemorations (Bloomington: Indiana University Press, 2021), p. 35.
2 Ibid. p.36.
3 Maria Luddy, « Unmarried Mothers in Ireland, 1880-1973 », Women’s History Review 20, no 1 (2011): 113, https://doi.org/10.1080/09612025.2011.536393.
4 Diarmaid Ferriter, Occasions of Sin: Sex and Society in Modern Ireland (Londres: Profile Books ltd, 2012), 5.
5 Ibid. p. 13 et 15.
6 Oona Frawley (dir.). Op. Cit. p. 72
Bibliographie
Book (eISB), electronic Irish Statute. « Electronic Irish Statute Book (EISB) ». Office of the Attorney General. Consulté le 1 octobre 2021. http://www.irishstatutebook.ie/eli/1861/act/100/enacted/en/print.html.
Ferriter, Diarmaid. Occasions of Sin: Sex and Society in Modern Ireland. Londres: Profile Books ltd, 2012.
Harrison, Bernice. « Rebellion Review: Truth More Dramatic than This Fiction ». The Irish Times. Consulté le 28 septembre 2021. https://www.irishtimes.com/culture/tv-radio- web/rebellion-review-truth-more-dramatic-than-this-fiction-1.2517347.
Luddy, Maria. « Unmarried Mothers in Ireland, 1880-1973 ». Women’s History Review 20, no 1 (2011): 109‐26. https://doi.org/10.1080/09612025.2011.536393.
McCoole, Sinéad. No Ordinary Women: Irish Female Activists in the Revolutionary Years, 1900-1923. 2015e éd. Dublin: The O’Brien Press Ltd, 2003.
Oona Frawley (dir.). Women and the Decade of Commemorations. Bloomington: Indianna Univerisity Press, 2021.
Autres travaux de références :
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Hayes, Alan & Diane Urquhart (dir.). Irish Women’s History. Dublin: Irish Academic Press, 2004.
Hogan, Caelainn. Republic pf Shame: Stories from Ireland’s Institutions for ‘Fallen Women’. Great Britain: Penguin Ireland, 2019.
McAuliffe, Mary, Liz Gillis, Eadaoin Ni Chleirigh & Marja Almqvist. Forgetting and Remembering – Uncovering Women’s Histories at Richmond Barracks: A Public History Project. Studies in Arts and Humanities, vol. 2, n°1, 2016.https://www.academia.edu/26331384/Forgetting_and_Remembering_- Uncovering_Womens_Histories_at_Richmond_Barracks_A_Public_History_Project
MacAuliffe, Mary and Liz Gillis. Richmond Barracks 1916: We were There – 77 Women of the Easter Rising. Dublin: Dublin City Council, 2016.
McDiarmid, Lucy. At Home in the Revolution: What Women Said and Did in 1916. Dublin: Royal Irish Academy, 2015.
McCoole, Sinéad. Women Revolutionaries and Kilmainham Gaol: Guns and Chiffon, 1916-1923. Dublin: The Stationary Office, 1997.
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Rossiter, Ann. Ireland’s Hidden Diaspora: the ‘Abortion Trail’ and the Making of a London-Irish Underground, 1980-2000. Great Britain: Iasc Publishing, 2009.
Skinnider, Margaret. Doing my Bit for Ireland. New York: The Century co., 1917. Kindle edition.
Smyth, Ailbhe (dir.). The Abortion Papers, Ireland. Dublin: Attic Press, 1992.
200 PAPA SCHULTZ
avec Marjolaine BOUTET

Marjolaine
BOUTET
Maîtresse de conférences en Histoire contemporaine à l'Université de Picardie-Jules Verne, spécialiste des séries TV et des représentations de la guerre. Elle est l'auteure de Les Séries Télé pour les Nuls (PUF, 2009), Sériescopie : guide thématique des séries télé (avec Pierre Sérisier et Joël Bassaget, Ellipses, 2011), Vampires : au-delà du mythe (Ellipses, 2011), Cold Case : la mélodie du passé (PUF, 2013), La bataille de la Somme : l'hécatombe oubliée (avec Philippe Nivet, Tallandier, 2016) et Un Village français : une histoire de l'Occupation (La Martinière, 2017). Elle chronique les séries télévisées pour le magazine Phosphore et dans l'émission Une heure en séries sur France Inter, et elle est membre des comités éditoriaux des revues TV/Series, Le Temps des Médias et Saisons.
résumé épisode 200
Marjolaine BOUTET présente et analyse ici la série PAPA SCHULTZ selon les thématiques suivantes :
1. Mise en contexte général // représentations de la Seconde Guerre mondiale à l'écran
2. Les origines de la série
3. Son côté cathartique ("des juifs qui se moquent des nazis")
4. Les ressorts comiques
5. Le fait que ce ne soit pas une série historique...
6.... en tout cas pas sur la période qu'on pourrait croire (= ça parle bien plus de la guerre froide et des années 60 que de la Seconde Guerre mondiale)
7. Le succès et la longévité de la série, en évoquant notamment sa diffusion et son doublage en Allemagne